Translate

mercredi 13 novembre 2024

Nellie Laurence (1938-2024)

Nelly Le Junter nous a quitté au début de cette année, discrètement.
 
source Gallica

Quelques textes récupérés sur l'internet :
Sa carte de visite : Née à Dunkerque [en 1938] d’un père Breton [d'origine bretonne, ses parents sont de Lannion, mais lui est né à Dunkerque] et d’une mère [d'origine] flamande. Surtout interprète, bien qu’elle ait elle-même écrit quelques chansons et lancé des idées aux auteurs qu’elle aime : Bergmann, Dimey, Darnal, Fanon, Fumière, J. Bouquet, Diéval, Robokowski et d’autres…
Elle est aussi comédienne : près de cent représentations en trois saisons avec la revue musicale de Boulogne
[voir plus bas]. Un répertoire riche, dans lequel elle puise selon les publics : salle, cabaret, chapiteaux ou dîner-spectacles. Ou encore celui des croisières, Méditerranée, Canaries, Iles grecques, Antilles, etc…
A l’étranger, elle mène son spectacle de chansons en anglais. Mais c’est en français qu’elle a gagné le Prix de la Meilleure interprète en cette langue au Festival mondial de Lisbonne. En télévision elle a été l’invitée de J. Kerchbron, J-M. Coldefy, J. Laviron, J-P Foucault et G. Bounoure, Sabatier, P. Sevran, mais aussi à Monte-Carlo, en Tunisie, Maroc et Espagne. Michel Drucker et J-P Elkabbach l’ont reçue dans leurs radios. Nellie Laurence à participé aux spectacles de S. Adamo, J. Halliday, J. Clerc, Lenorman, A-M. Carrière, Mouloudji, R. Devos et bien d’autres.
Discographie de qualité à travers plusieurs 45 t dont celui de l’Unicef (« Ouvrez les frontières ») et 30 cm (« Chansons en nord et en couleurs ».
Nellie Laurence est la créatrice de « Ville de Lille » une chanson de Michel Robokowski et J.C Daigle.
La carrière d’une artiste authentique, l’une des ambassadrices de la Chanson Française de toutes les époques. 
Quand la chanson se fait Femme, elle s’habille aux couleurs de la tendresse et de la passion. Elle caresse les mots des poètes avec  la complicité des tempos de la musique, pour que se marient sensibilité et fantaisie. Nellie Laurence appartient à cette race d’interprètes qui ont su mettre la chanson au féminin. A cette race d’artistes qui préfèrent la scène et le public vivant au disque éphémère.
Ils sont encore quelques-uns en France, à aimer la Chanson parce qu’elle est l’art le plus consommé de la communication.
Ecouter et regarder Nellie Laurence, c’est réapprendre que la qualité de la vie, c’est aussi ces mots et ces notes qu’une voix amie vient dire au cœur et à l’esprit.


La Voix du Nord du 6/12/2007
 —
Nelly Lefebvre est décédée, le mercredi 10 janvier. Pendant dix-sept ans, jusqu’en 2001, place aux Oignons, Nelly et Robert Lefebvre ont géré la Maison du terroir, lieu où s’exposait la peinture du Nord. À deux, lui l’ancien journaliste à La Voix du Nord puis à la télévision (« Les Rendez-vous du beffroi »), elle l’artiste, qui a chanté sur le France, a enregistré des disques sous le nom de Nellie Laurence, a participé la revue de Boulogne ainsi qu’à des tournées sur le car-podium de La Voix du Nord, ils ont toujours eu à cœur de défendre la culture flamande et patoisante. On leur doit aussi la création, à Lille, du Noël en ch’ti. Après le décès de son mari, en 2004, qui a aussi été membre du célèbre groupe des Capenoules, Nelly Lefebvre lui avait consacré un ouvrage, Robert Lefebvre, en Nord et en couleurs. Preuve, encore, de l’attachement du couple à la région.
VdN 15/1/2024

 *****
Quelques vidéos sont visibles sur l'internet, j'ai choisi celle-ci car elle est réalisée par Bernard Claeys, un Lillois bien connu sur ce blog

Une production de FR3 Lille en 1979, elle y chante :
- La femme saison (paroles Pierre Dubois, musique Philippe Barraqué)
- J'ai vu l'enfant (paroles de Nellie Laurence, musique Jean-Luc Drion)
- Le Myosotis et la rose (W. Boillod)
- La Côte d'Opale (Jean-Claude Darnal)

Direction musicale : J. Buisine et J.-L. Drion
J'ai réalisé celle-ci sur la chanson Dunkerque de Julien Bouquet



Discographie :
Ces nuits ces jours (Déesse DDP 109 M) (1967 ?)
Chansons en Nord et couleurs (Déesse DDLX 194)
Dunkerque, la chanson de l'anniversaire mai 40-mai 80 (Déesse DPX 740)
Mets l'amour dans les violons/Ma ville (Déesse DPX692)
Ouvrez les frontières (Unicef DPX 805).  (1983)
Que je le veuille ou non (Déesse DPX 675).

Revues boulonnaises :
1975 : C'est cor à voir, de Marvas
1981 : Quo q't'in pinses, de Ch' Guss et Jean Jarrett
1983 : C'est pon possible, de Ch' Guss et Jean Jarrett, spectacle filmé par FR3, produit par Robert Lefebvre, réalisé par Bernard Claeys
source : Un siècle de revues patoisantes boulonnaises, Claude Faye, 2003


1974, source : Archives municipale de Boulogne/Mer

mardi 12 mars 2024

Mary-Lyse, chanteuse roubaisienne

mise en ligne le 24/3/2017
mise à jour le 12/3/2024 : ajout des dates de décès des époux


Mary-Lyse, photo Jérome, Paris
collection personnelle


Fernande Desbarbieux est née à Roubaix le 5 mai 1923. Ses parents sont ouvriers d'usine, le père conducteur de machines et la mère ourdisseuse, tous les deux de familles roubaisiennes. Fernande fait ses études à l'école de filles de la rue Gambetta, elle obtient son certificat d'étude en 1935. Elle poursuit ses études à l'Ecole Pratique de Commerce et d'Industrie de Roubaix. Elle est encore écolière quand elle participe à son premier crochet (concours de chant) organisé par le Sport Ouvrier Wattrelosien, je n'en connais pas le résultat, mais elle chante en public pour la première fois deux mois plus tard à Flers, pour l'Amicale laïque. Elle n'a pas 15 ans. Elle se produit ensuite à Mons-en-Barœul en février et en mai 1939. Elle interprète un répertoire de chant lyrique : La rose de la Lande de Schubert, la Berceuse de Mozart et Paysage de Reynaldo Hahn.

collection personnelle

Elève au Conservatoire de Roubaix, elle se produit lors des examens et concours en juin et juillet 1939. Elle ne semble pas avoir obtenu de prix. Ayant déjà comme projet de faire du chant sa profession, elle s'inscrit à une émission proposée par la Radio PPT Nord, Conseils et essais pratiques au micro pour chanteur, en juillet 1939. Trois mois plus tard elle compose la musique d'une chanson sur les paroles du chanteur roubaisien Robervyl : La Marche des Sapeurs qu'il interprète début novembre 1939, lors de manœuvres militaires quelque part en France. Elle compose, en novembre 1940, La Marche des élèves mécaniciens, en hommage à l'école Hanriot à La Rochelle. Au début de la guerre elle apporte son soutien aux familles des prisonniers en chantant régulièrement pour le Comité d'entraide. Elle est désormais connue sous son pseudonyme Mary-Lyse, qualifiée sur les programmes de chanteuse à voix ou chanteuse d'opérette. En juillet 1942 elle assiste aux galas du Café du Bazar à Roubaix, avec aux programmes la grande chanteuse de l'époque Elyane Célis et la chanteuse Luce Bert à qui elle fait part de ses projets de carrière dans la chanson.

Journal de Roubaix


1942
Collection personnelle


Cependant elle continue de se produire dans les galas de bienfaisance pour les prisonniers et les anciens du 100e RI. En février 1943 elle reçoit sa première convocation de l'agence Nord-Spectacles de P. Laborde-Bertal pour signer des contrats d'artistes. Elle doit se produire à Tourcoing (Grand Café), Lys les Lannoy, Roubaix (cinéma Noël) et à Rosendael (café Arcier). Ce tournant professionnel se fait après un évènement artistique rare à Roubaix, la première d'une opérette au Grand Théâtre, Rêve de Gitane, le 26 février 1943, dont la musique est de René d'Archambeau, un compositeur belge de Verviers et c'est à ce compositeur qu'elle demande de mettre en musique un de ses poèmes, Simple aveu, en mars 1943.


collection personnelle


Mary-Lyse compose au piano
collection personnelle


Très satisfait du résultat, René d'Archambeau lui demande aussitôt d'autres poèmes et lui propose même d'éditer la partition en petit format, qu'il est prêt à financer. Je ne sais pas si Mary-Lyse y a donné suite. Les contrats se succèdent et Mary obtient sa carte professionnelle du Syndicat des Artistes de Variété, document indispensable pour se produire à cette époque très règlementée, ainsi que sa carte d'identité professionnelle.


collection particulière


La rencontre avec Luce Bert en 1942 a été bénéfique. C'est sur sa recommandation qu'elle demande au chanteur Marcel Malloire, secrétaire de Vincent Scotto, de lui faire des orchestrations de chansons. Ces partitions sont indispensables pour se produire dans les cabarets parisiens. Accord immédiat de Malloire, il lui fait un devis de 390 francs pour 6 chansons. Marcel Malloire (1889-1959) est l'époux d'Yvonne Thomson (1895-1970), accordéoniste, pianiste et compositrice, c'est certainement elle qui a fait ces orchestrations. Grace à la facture détaillée envoyée par Malloire nous connaissons précisément le répertoire de Mary-Lyse à cette époque. Les orchestrations ont été faites sur ces chansons : Tu m'apprendrasTout en flânantC'était pour rireBonne nuit, maman (Gute nacht, mutter), Les fleurs sont des mots d'amour, et Une charade, qu'elle chante un ton plus haut que Danièle Darrieux.
D'avril à septembre 1943, Mary-Lyse se produit régulièrement, à Béthune (Evo Dancing), Lille (Cabaret Ali Baba), Armentières (Café de la Paix), Roubaix (cinéma Royal-Leleu), Tourcoing (Grand Café), Rosendael (à l'Hippodrome), Valenciennes, (le Savoy), Roubaix (cinéma Renaissance), Montreuil-sur-Mer (Electric Ciné), Saint-Pol-sur-Mer (café Garein), Hénin-Liétard (au Capitole), Armentières (café de l'Harmonie), Bruay (Casino Palace), Chimay (Casino Palace) et à Calais (Ciné Pax). Son cachet évolue lentement, de 400 F pour les premiers contrats, il tourne ensuite autour de 5/600 F, avec parfois des contrats de plusieurs tours de chant par jour pour 1.000 F et 2.200 F à Calais pour 3 représentations sur 2 jours. Les frais de déplacement et d'hôtel étant à la charge de l'organisateur.

contrat Nord-Spectacles
collection personnelle

En septembre 1943 elle reçoit une lettre de l'agence parisienne Dhomont qui lui demande des photos et prend un rendez-vous pour rencontrer des directeurs de cabaret, l'agence lui propose, pour la fin du mois, une audition au Théâtre de l'ABC, le célèbre Music-hall inauguré en 1935 où se produisent les plus grands artistes de l'époque (Marie Dubas, Frehel, Edith Piaf, Charles Trenet, etc.). En octobre André Dhomont, directeur de l'agence, devient son agent exclusif pour deux ans et lui fait signer un contrat pour ce théâtre, contrat qui est mentionné dans un courrier, mais n'a pas été conservé. Le même jour elle reçoit une lettre du chanteur Firzel, originaire de Saint-Pol-sur-Ternoise. Il lui signale son passage à Lille, au cabaret Le Coucou, lui demande une photo et transmet un contact à Reims pour un contrat. Son agent parisien lui trouve un contrat d'une semaine au cabaret Le Chapiteau, 1 place Pigalle, à Paris.

Paris Soir, 10 octobre 1943
source : Gallica

Pendant qu'elle est à Paris, elle participe au tournage du documentaire de P. E. Decharme, Vive la mariée, elle touche 1.000 F de cachet. Le négatif sur nitrate est conservé au Centre National du Cinéma à Bois d'Arcy, mais n'est pas consultable. Toujours à Paris, elle se produit 12 jours au cabaret Le Doge, rue Volney, pour 6.600 F, deux passages par jour en soirée, relâche le dimanche. En novembre Firzel lui écrit qu'il est déçu de ne pas l'avoir vue lors de son séjour parisien et l'invite à déjeuner lors de son prochain passage… Le 30 novembre 1943 elle signe un contrat d'enregistrement avec la Société Polydor, représentée par Jacques Coulon, d'une durée de 6 mois, pour un minimum de 2 enregistrements, 400 F par face, à diviser par le nombre de musiciens. En décembre elle est à Bruxelles au cabaret Le Passe Partout, 14 jours à 1.000 F par jour. A son retour elle reçoit une proposition d'enregistrement de la Société des Editions Continentales pour enregistrer, sur un disque souple, des chansons de son répertoire. Le 21 décembre elle signe un contrat pour le cabaret de Suzy Solidor par l'intermédiaire de l'agence Dhomont pour un mois de représentations à 500 F par jour. Le 4 janvier 1944 elle se fait faire un portrait chez le photographe Jérome à Paris (c'est celui qui est au début de cette page). En février l'agence Dhomont lui propose un rendez-vous avec le cinéaste Marc Allegret pour un projet de film et le 10 elle reçoit une invitation à ce rendre à Radio-Paris pour une audition. Ce mois de février voit les contacts professionnels affluer, le colonel Vidal (futur agent artistique de Dalida) la remercie, par l'intermédiaire de Dhomont, pour un envoi (une photo ?), Louis Gasté (futur époux de Line Renaud) lui écrit pour demander l'adresse de ce colonel et le compositeur Louiguy lui signale la perte de plusieurs partitions qu'il lui avait fait parvenir par l'intermédiaire d'un ami commun.
Mais l'ambiance parisienne au moment de la Libération n'est sans doute pas favorable à la carrière d'une jeune artiste. Mary-Lyse revient à Lille, elle fait faire plusieurs photos chez R. Vermesse, successeur de B. Mischkind à Roubaix et la radio de Lille la contacte pour lui proposer de passer à l'antenne. Puis les demandes de concert recommencent à arriver : à Roubaix puis à l'Université de Lille, pour les Forces Unies de la Jeunesse Patriotiques, où elle retrouve son ami Robervyl.


affiche, collection personnelle


En mars elle est engagée par la nouvelle agence "Art et Jeunesse" de Bibos et Edouard Rombeau, pour des contrats à Lille, Orchies et Roubaix. En 1945 et 1946 elle fait plusieurs passages à Radio Lille. Elle chante aussi pour les associations d'anciens prisonniers de Roubaix et en 1949 pour les ingénieurs des Mines à Billy-Montigny. En août 1950, Nord Matin signale sa présence en vacances à Eppe-Sauvage. Je relève encore quelques concerts à Flers-Breucq et à Bavay pour les anciens prisonniers de guerre. Le dernier concert connu a lieu en mars 1951 à Bavay, puis il n'y a plus de trace de prestations dans le fonds d'archives personnelles acheté, il y a longtemps, sur une brocante, à sa belle-fille qui a eu la très bonne idée de ne pas détruire ces souvenirs. Qu'elle en soit vivement remerciée.
Elle meurt à Cucq (62) en février 1998, précédant de quelques mois son mari Léon ROGER, ancien artiste fantaisiste, qui décède en décembre de la même année à Camiers (62).

Christian Declerck


en concert, sans doute à Bavay, vers 1950
collection personnelle

****

Mary-Lyse 1923-1998
photos de Robert Vermesse, portraitiste à Roubaix
collection personnelle







mardi 30 janvier 2024

Louisa Danchin, compositrice (1822-1908)

portrait probable de Louise Danchin
collection personnelle

Tout commence à la braderie de Lille, la découverte d'un album de partitions déreliées, avec des illustrations intercalées signées Boldoduc et lithographiées par Jean Louis Simon à Cambrai. La page de titre est manquante, pas de nom de compositeur, un tampon "Scrive-Loyer" et les dédicaces qui me renvoient aussi vers Lille. Un contact avec la Médiathèque de Cambrai n'a pu me donner les informations sur ce compositeur. 


Puis, plusieurs années plus tard, je vois sur un site d'enchère le même recueil, mais avec la page de titre et le nom du compositeur qui est une compositrice : Louisa Danchin !


Louise Françoise, dite Louisa, Danchin est la fille de Charles (1788-1845) chapelier cambraisien et Flore Degland (1791-1878). Elle est née à Cambrai, 1 rue de l'Ange, le 21 juillet 1822. Après une solide formation musicale, elle se produit pour les fêtes de Cambrai, en concert, en 1843, au même programme que M.  [Louis] Ponchard et Madame [Elisa] Iweins-d'Hennin, une artiste lyrique lilloise réputée, 1er prix du Conservatoire de Paris (1837). En octobre 1853, Le Ménestrel annonce la publication de son album : Voici ce que nous lisons textuellement dans la Gazette de Cambrai : Nous sommes heureux d'annoncer la très-prochaine publication d'un délicieux Album musical édité par Mlle Louisa Danchin, et dont le succès est infaillible. C'est un recueil de charmantes romances, choisies avec un goût exquis et dont quelques-unes, paroles et musique, sont l'oeuvre entière de Mlle Louisa. Toutes exhalent ce parfum d'innocence! que l'on aime à rencontrer dans les ouvrages de ce genre, Ce sont autant de perles d'une admirable pureté que le souffle impur des passions n'a point encore ternies. En éditant cet Album, Mlle Louisa Danchin n'a pas seulement fait une oeuvre remarquable, mais encore une bonne action dont toutes les mères apprécieront le mérite. Ainsi que L'Univers Musical du 1er décembre 1853 : Mlle Louise Danchin, professeur de chant à Cambrai artiste fort connue et généralement estimée dans le cercle musical du Nord, vient de composer un recueil de trois [sic] jolies mélodies, sur des paroles choisies, pour être offertes aux jeunes personnes, parmi lesquelles nous avons remarqué Fleur du Souvenir (par M. de Millevoye), Amed Jigi (par M. Feret) A six ans, etc., etc. Mlle Danchin a placé son œuvre sous le patronage de nos chanteurs les plus aimés. Ce sont Géraldy, Mme Iweins d’Hennin, M. et Mme Arnold-Daniel, qui ont bien voulu prêter le concours de leur beau talent au jeune compositeur. On souscrit pour cet album, à Paris, chez Benoit aîné. Tout comme Le Constitutionnel du 28 décembre 1853 : Parmi les nombreuses productions musicales que le jour de l’an fait éclore, nous devons une mention spéciale à l’’Album de Mlle Louisa Danchin, publié par l’éditeur Benoit, rue Melay, 40. On y trouve des mélodies touchantes et naïves, des romances animées et légères, des chants larges et dramatiques. Cet album atteste que l’auteur, Mlle Louisa Danchin, unit l’inspiration au savoir. En professeur habile, Mlle Danchin a su rester dans les limites les plus favorables à la voix humaine, de telle sorte que ses compositions, bien que pleines d’effet, sont faciles à chanter et à retenir. Ajoutons enfin que le choix sévère qui a présidé aux paroles, leur ouvre les salons de la meilleure compagnie et les établissemens d’éducation. Un succès légitime est assuré à l’album de Mlle Danchin.
L'unanimité de la critique augure une carrière prometteuse ; mais Louisa se marie le 7 avril 1858 avec Louis Daussin, fabricant de chicorée né à Licourt (80) en 1818, veuf depuis 1 an, père de 3 enfants qui sans doute ne l'encouragera pas à continuer la pratique de son art. En 1863 la famille Daussin est domiciliée à Paris, 6 rue Oudinot, en 1866 à Clichy, 38 rue Talbot et en 1868 à Levallois-Perret. Louise exerce la profession de lingère. En 1871 toute la famille émigre aux Etats Unis, en Louisiane. En 1872 Laure Irma, fille du 1er mariage de Louis Daussin, épouse Léon Vogt à la Nouvelle Orléans. La famille fonde un cimetière qui rassemblera toutes les tombes, situé à Goodbee. On y trouve celle de Louis mort le 21 janvier 1894 et celle de Louisa décédée le 27 mai 1908.

Christian Declerck
30 janvier 2014

Daussin Cemetery




entre Bâton Rouge et la Nouvelle Orleans

Liste des œuvres

- A six ans, paroles et musique Louisa Danchin, à Mademoiselle Nelly Brabant (album Louisa Danchin)
- Au revoir et non pas adieu. Ham, 23 juin 1843. Paroles de M., lith. de Simon (BNF VM7-46138)
- Dieu et le roi, paroles de Mr Leveque, à M. Arnold (album Louisa Danchin)
- Les enfants de minuit. Romance. Paroles de Mme Desbordes-Valmore, Paris, Magnier, 1856 (BNF VM7-46139)
- La fleur du souvenir, paroles de Millevoye, à Mlle Marie de Lafons de Laplesnoye (album Louisa Danchin)
- Hamed, sa mère et sa patrie, paroles de Mr G. Feret, à Mme Iweins-D’Henin (album Louisa Danchin)
- Hommage à S. M. l'Empereur Napoléon III. Paroles et musique de Mlle Louisa Dauchin [sic]. Lille 1853, lith. Simon, Cambrai (BNF A 7214)
- Ivline et son serin, paroles de Mr Feret, à Mme Henri-Loyer (album Louisa Danchin)
- Jigie, paroles de Mr Feret, à Mlle Angélique Flavigny (album Louisa Danchin)
- La petite fille du garde. Chansonnette. Paroles de Mr G. Feret, Paris, Benoit aîné 1854 (BNF VM7 46140)
- Les plus beaux jours, paroles et musique Louisa Danchin, à Mme Arnold-Danièle (album Louisa Danchin)
- Le regard, paroles et musique Louisa Danchin, à M. Géraldy (album Louisa Danchin) [portrait de Louisa Danchin ?]
- Le vœu du retour. Souvenir de la Martinique. Paroles de Mr G. Feret, Paris Benoit aîné, 1854 (BNF VM7 46141)



collection personnelle

Casimir Faucompré (1825-1899) et Alexandre Desrousseaux (1820-1892) dédient leur romance Regrets, publiée en 1855, à Louisa Danchin.