dimanche 26 décembre 2021

Zoé Lecocq, accordéoniste, 1840-1926



A ma connaissance il n'existe pas de portrait de Zoé Lecocq, mais il devrait ressembler à ces rares photos et à ce tableau, glanés sur l'internet. Elle chantait aussi en s'accompagnant à l'harmoniflûte et au piano. 

l'harmoniflûte Mayer Marix


Elle serait née à Valenciennes, si l'on en croit les quelques "biographies" publiées. En fait c'est presque vrai, elle est née, aveugle, à Anzin, ville voisine, le 2 avril 1840, dans la maison de ses parents, rue de l'Eglise. Son père Constant y est maréchal ferrant, sa mère Caroline Lermusiaux, est cabaretière. Son père meurt en 1857 et la famille, la mère et ses trois enfants, est sans ressource. La jeune Zoé a sans doute des dispositions pour la musique, car Caroline obtient, le 2 décembre 1858, l'autorisation de l'évêque d'Arras "de se présenter dans les communautés religieuses de son diocèse, qui tiennent des pensionnats de jeunes personnes, à l'effet d'y proposer d'entendre sa fille, dont le talent musical paraît assez distingué". Extrait de : Eloges unanimes de Zoé Lecocq artiste musicienne, aveugle de naissance, publié à Caen en 1865, sans nom d'auteur. On y relève son passage au pensionnat des dames Bernardines d'Esquerdes, le 24 décembre 1858, un poème écrit après son concert à Lille le 1er février 1859. Une soirée dans le pensionnat des Dames de St Maur, à Lille le 5 mai 1859. Au pensionnat des frères des écoles Chrétiennes de Wambrechies le 22 juin 1859. A l'école professionnelle Arnoult, à Lille le 10 juillet 1859. Dassier, grand doyen de Saint Omer, en juillet 1859 la recommande aux établissements et maisons d'éducation de sa ville, etc, etc. Ses pérégrinations l'amène jusqu'à Paris où sa mère décède le 26 décembre 1865.

Guidée par sa sœur Adélaïde (1831-1906), elle continue ses voyages et se produit à Caen, Trouville, Rouen, Yvetot, Le Hâvre, etc. Une dernière mention dans la presse, en 1873, pour un concert à son bénéfice dans la salle du Grand Orient de France à Paris, ensuite sa vie nous est inconnue. J'ai découvert son décès à Paris, au 28 de la rue de Charenton le 20 août 1926, célibataire, elle avait 86 ans. 

Documents

En 1859, le chansonnier lillois, Alfred Danis (1821-1891) écrit un poème en son honneur "Aveugle de naissance"


Gallica


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dimanche 5 septembre 2021

Félicien Ouvry, 1888-1981


Le soir dans les faubourgs (F. Ouvry - Jean Reynaert)
créé par Mory's Momo et repris par Michèle Nancy
et Arlette Rucart

F. Ouvry, un nom que j'ai rencontré fréquemment sur différents supports : partitions, disques 78 et 45 tours, souvent en relation avec des musiciens du Nord.

une série de 45 tours dénichés récemment

00:00 Rio del campo (paso-doble)
02:37 Bolero congolais
05:38 Rosa del sol (tango)
08:42 Adios Colorado (paso-doble)
11:14 Refrain des Antilles (bossa nova)
13:47 Por olvido (paso-doble)



Fils de Félicien Désiré, artiste forain lors de son mariage en 1882 à Roubaix avec Marie Tesse, artiste foraine. Il est domicilié rue de Marquette, puis au 45 rue du Chemin de Fer où il dirige le Concert des Variétés "Immense succès de toute la troupe. les Françar’ys, duettistes. Romances, chansonnettes nouvelles. Tous les dimanches et lundis, changement de spectacle et grande pantomime nouvelle" nous annonce l'Egalité de Roubaix-Tourcoing en février 1901, mais deux ans plus tard c'est la liquidation judiciaire. En 1905 il déménage à Paris, 81 rue du Temple, avec ses deux enfants : Alphonse, né en 1882, qui deviendra artiste dramatique puis piqueur de carton pour les orgues mécaniques et Félicien Abel, né rue Jacquart à Roubaix le 1er avril 1888.

Lors de sa conscription Félicien fils exerce la profession de tailleur d'habits. En 1913, il épouse à Paris, Hortense Bloch (1891-1948), il est coupeur d'habits, domicilié 81 rue du Temple. Divorcés en 1926, il se remarie en 1942 avec Marguerite Renauld (1897-1874), sans profession, il est domicilié 61 avenue de Breteuil, l'adresse de sa société d'édition musicale.

Après la guerre il devient sociétaire définitif de la SACEM (1926). On le retrouve à Lille en 1928 et ensuite dans les années 1930 il est courtier à Paris, puis cafetier-restaurateur. Parallèlement à ces activités alimentaires, il est musicien, accordéoniste, chef d'orchestre et compositeur. Il adhère à la SACEM en tant qu'auteur en novembre 1943. Il compose principalement de la musique de danse dans les années '40 et '50. Il fait aussi quelques musiques pour le cinéma documentaire, j'ai relevé ces mentions : en 1942 il écrit la musique du film muet La machine à refaire la vie, de Julien Duvivier et Henry Lepage, produit en 1928 "avec le concours de Louis Lumière" ; Paris vu par un chien  de Maurice Théry (1942) ; Un siècle de Paris (1943) ; Travailleurs de France, de Serge Griboof, à la gloire du STO, en 1944 ; pour Years of decision en 1956, il est l'orchestrateur de la musique de son compatriote Georges Delerue. Pour les sociétés discographiques L'étoile musette et SONOR il enregistre de nombreux disques 78 tours, sous le pseudonyme de José Reno, chef d'orchestre. Il collabore avec plusieurs musiciens  originaires de sa région natale : Georges Ghestem (compositeur et organiste), Janine Toscane (chanteuse), Albert Lerouge (accordéoniste et chef d'orchestre), François Veevaert (chef d'orchestre), Albert Cousu (compositeur) roubaisien devenu dunkerquois qui le met en relation avec son ami Jean Reynaert (compositeur et marchand de musique), fils de François directeur du dancing Excentric Moulins à Rosendael. Avec Georges Ghestem, ils sont les parrains pour la SACEM de la cinéaste Lucette Gaudiot. En 1952, avec Joseph Ranson, il parraine Maurice Vidalin. Il compose également, au début des années 1960, des musiques pour la chorégraphe Marie Finestres (1882-1963) qui crée des danses scolaires. Ses activités publiques semblent s'interrompre au début des années 1960, il meurt à Issy les Moulineaux le 27 novembre 1981 à 93 ans en son domicile 51 rue Guynemer, sans descendance à ma connaissance. Son frère aîné, Alphonse, s'est marié deux fois, il a eu un fils avec Joséphine Vancrutsen, sa première épouse, Gilbert (1906-1954) qui épouse Yvonne Vergheggen décèdée en 2001, j'aimerai rentrer en contact avec leur éventuelle descendance.

Christian Declerck, 4 septembre 2021

On peut écouter une de ses compositions Dans ma clairière enregistrée en 1943 par le violoniste Albert Locatelli ICI



La Rumba des pantins


Discographie 78 tours (non exhaustive)

Etoile Musette

N° 119 : orchestre musette Jo Reno (merci à Bernard Lamberti)
    - Bonjour Printemps, Al. Cousu/arrgt F Ouvry
    - Fête à Pigalle, F. Ouvry
    
N° 173 : orchestre musette Jo Reno
    part. 3929, La rumba des pantins, Jean Reynaert 
    part. 3931, Mon cœur est au bal, fox musette, Max Lanjean,  

N° 216 : orchestre musette Jo Reno
    part. 5218, Bébert  les pieds plats, java, Al. Cousu - Ouvry
    part. 5220, Le régiment des mandolines, step marche, Henri Betti

N° 269 : orchestre Tony Fallone
    part. 10841, Si tu viens danser dans mon village, valse, H. Contet - Barelli
    refrain chanté par Jeanine Toscane 
    part. 10845, Etoile de Mexico, pasodoble, José Reno

Sonor

N° 122 : part. 2884, Radio-Star, one step Al. Cousu, arrangement F. Ouvry / part. 2885, Los Angeles, fox, Al. Delbecq - Ouvry

N° 124 : orchestre Eddy Fredo
    part. 2137, Flotte mon cœur, fox, F. Ouvry - Al. Cousu
    part. 2138, Mon amant vagabond, fox, F. Ouvry - Al. Cousu

N° 125 : Trois petits mots, swing, Andrel - Cousu / part. 2886, Du rouge aux lèvres, fox-trot, Andrel - Ouvry

N° 128 : orchestre Colombo, de Tabarin
    part. 3358, Lancer léger, valse, J. Colombo - Ghestem
    part. 3476, La belle de java, java-mazurka, Al. Cousu - F. Ouvry

N° 129 : orchestre Colombo, de Tabarin
    part. 3362, Valse chinoise, J. Colombo - Ghestem
    part. 3478, Chica Linda, rumba, F. Ouvry

N°136 : part. 2895, Bonjour printemps, one-step, A. Cousu, arrangements F. Ouvry / part. 3818, Quelques mots d'amour, fox-trot, F. Ouvry, orchestre Etoile Jazz










mardi 17 août 2021

Adrien Marès, un gamin de Dunkerque

page créée le 12/8/2018
mise à jour le 17/8/2021 : ajout d'une bio de la famille Marès


Un gamin d'Paris, par Mick Micheyl


La Voix du Nord 4 mai 1990 : Si la musique qu’il avait composée pour Un gamin de Paris traîne encore sur toutes les lèvres, son nom est sans doute peu connu du grand public. Adrien Marès qui écrivit la musique de la célèbre chanson écrite par Mick MICHEYL, est décédé, mercredi, à l’hôpital Henri-Mondor de Créteil. Adrien Marès, pour l’état civil Adrien Jules Marès, était né le 7 novembre 1905 à Dunkerque où son père était cafetier. Après ses prestations sur les scènes dunkerquoises, le musicien devint accordéoniste-saxophoniste-gagman, de 1936 à 1940, dans l’orchestre de Ray VENTURA et ses collégiens. Plus tard, il joua dans l’orchestre de Jack HÉLIAN, Raymond LEGRAND et Alix COMBELLE et accompagna de nombreux musiciens américains lors de leur passage à Paris (Bill COLEMAN, Benny CARTER, Django REINHARDT, etc). La musique d’Un gamin de Paris lui rapporta des droits d’au­teur jusqu’à la fin de sa vie et lui valut un immense succès que n’égalèrent jamais ses autres titres, comme Pacha, Ça va comme ça… Il s’était retiré, il y a quelques années, à Choisy-le-Roi (Val de Marne).
La Voix du Nord 5 mai 1996 : […] Adrien Marès apprit la musique et joua aux Ar­cades, à la Brasserie de Londres, au dancing Belle-Vue (devenu plus tard “Normandie”) et même au cirque Palisse, avant de se produire à Bucarest, en 1926, et en Allemagne, 1930. En 1934, à Malo, il rencontra une Parisienne [née à Tourcoing] qu’il épousa et il partit vivre dans la capitale. Là, il entra dans un grand or­chestre de variétés, celui de Raymond LEGRAND, puis chez les Collégiens de Ray VENTURA avec lesquels il joua à Paris et dans de nombreuses villes de province et tourna en 1938 le film “Feux de joie”. 

Feux de joie, film Pathé Baby
on aperçoit A. Marès à 10:20

Après la guerre, il entra dans l’orchestre de Jacques HÉLIAN, puis parti en tournée avec André DAS­SARY dans le Sud-ouest. De retour à Dunkerque, il joua de 1949 à 1953, au “Roulis”, un café-dancing [situé place du Kursaal], avant de travailler en particulier comme ven­deur-démonstrateur au établissement Paul Beuscher. […]
Serge Blanckaert



Quelques unes de ses compositions :
- C’est un coin de ciel bleu, paroles de Nick Frionnet et André Grelley, musique de Adrien Marès et Marcel Huc, chanté par Fabia Gringor*, Paris, édit. F Salvet. (1955)
- C’est une rengaine, valse, musique d’Adrien Marès (1943)
- Cabaret, valse, musique d’Adrien Marès, accordéoniste de l’orchestre Jacques Hélian, Comptoir musical Français, Paris
- La chapelle aux genêts, paroles de Nick Frionnet, musique de Adrien Marès, créée et enregistrée par Mireille Arrieu, Roger Kerrec et Fabia Gringor, Paris, édit. JAMO (1955)
- Ciel du Nord, paroles de Louis Grenier et André Grelley, musique de Adrien Marès et Nick Frionnet, chanté par Fabia Gringor, édit. JAMO, Paris (1955)
- Un dimanche, valse à variations, Paris, édit. Musicales Paris-Monde (1943)
- Escamillo, paso-doble, paroles de Paule Delyl, édit. V. Marceau (1958)
- Fête à Séville, paso-doble, paroles de Paule Delyl, édit. V. Marceau (1958)
- Le gamin d’Paris, chanson du film Paris, c’est toujours Paris, paroles de Mick Micheyl, chantée par Yves Montand, Patachou, Lucien Jeunesse, Janine Toscane, Maria Vincent, Ginette Baudin, Georgie Viennet, Francis Linel, Monique Leyrac (1951)
- Mambo-nuevo, mambo, musique d’Adrien Marès, Paris, édit. Séduction (1956)
- Nathalie, valse, Paris, édit. Musicales Paris-Monde (1943)
- Petite Suisse, step marche, musique d’Adrien Marès, Paris, édit. Réginald Chassegué (1957)
- Près de toi, valse (1943)
- Rue du chien vert, musique Adrien Marès, paroles René Clausier, édit. Francis Day (1956)
- Señor Llorca, mambo guaracha, paroles de Michel Allegro, musique de A. Marès, arrgt Jo Tournet, Paris, M. Cayla (1955)
- Soir de kermesse (1943)
- Vive le facteur, step marche, musique d’Adrien Marès, Paris, édit. Réginald Chassegué (1957)

* Fabia GRINGOR, pseudonyme de Rachilde LE DOCTE (1919-2018)

Son impressionnante discographie ICI



merci à Sheri Mignano, qui nous interprète Cabaret



interprétée par Marceau Verschueren










collection personnelle



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Les liens d'Adrien Marès avec Dunkerque

Adrien Jules MARÈS est né à Dunkerque le 4 novembre 1905, au 17 de la rue du Moulin à Poudre. Fils de François et Marie MAES, nés à Gystel en Flandre Belge en 1871 et 1877. Son père est considéré comme le plus ancien accordéoniste de Dunkerque dans un article de décembre 1928 qui présente le premier concert de la nouvelle société d'accordéonistes créée à Coudekerque Branche quelques jours plus tôt. Ce qui est confirmé par un autre article paru en 1906, à l'occasion d'un fait divers intitulé "Drame conjugal" on apprend que François MARÈS est accordéoniste dans les "établissements hospitaliers" de la rue des Casernes de la Marine. En rentrant plus tôt de son activité il surprend son épouse avec son amant qui lui tire dessus avec un révolver. François et Marie sont tous les deux nés à Gystel, sur leur acte de mariage, en 1897 dans cette commune, il est mentionné que la mère de François, Rosalie VERDIEVEL, est décédée à Dunkerque en 1896, alors domiciliée avec son époux, cité Jean-Bart, à deux pas de la rue de l'Abreuvoir où est née Yvonne, la sœur d'Adrien. La famille Marès a donc des attaches anciennes avec Dunkerque.
François déménage très souvent dans ce quartier après avoir vécu quelques temps à Rosendael où naît Adrienne en 1903. Il tient un estaminet au 17 rue du Magasin à Poudre, au 13 rue du Moulin à Poudre, puis au 16 rue de Magasin à Poudre (1910) et au 24 même rue en 1914. Il est absent de l'annuaire de 1922. En 1929 la presse publie l'annonce de la cession de son commerce de boissons avec chambres meublées situé au 14 bis de la place du Palais de Justice. En 1930, il est cafetier 30 rue Sainte Barbe et enfin en 1938, son café est situé à Malo les Bains, rue de la Plage. Il meurt à Dunkerque en 1950.


le quartier où est né Adrien MARÈS



un "établissement hospitalier"
de la rue des Casernes de la Marine