jeudi 1 mai 2025

Florimond DENNEELS, chef d'orchestre de cirque

 Si les cirques sont souvent étudiés et leurs généalogies abondamment médiatisées sur l'internet, il n'est que très rarement fait mention du chef d'orchestre ou il est seulement cité par son patronyme, quelque fois écorché.


Florimond DANNEELS en fait souvent les frais, il est parfois appelé DANELS ou DANNELS et son prénom et régulièrement oublié, mais c'est bien le même personnage. Et pourtant le chef d'orchestre de cirque est un personnage important du spectacle comme  nous le décrit cet article paru dans Rouen Gazette le 26 novembre 1932 (Gallica)
[…] Car au cirque, à l’inverse du théâtre, les violons et la flûte, les pistons et la batterie sont au service de la piste. M. Florimond excelle à cet exercice délicat qui est, lui aussi, de l’ordre de l’expérience depuis le temps où en 1887, il était premier violon au théâtre de Gand. Il entra ensuite chez Plège, et il ne s’évada jamais du cirque. Actuellement, il demeure à Tourcoing, mais il est attaché au cirque Poutrier* qui a remplacé Roche. Il ne s’en échappe que pour la vieille fête de Saint Romain à Rouen, qu’il fréquente depuis près de quarante ans. Il est venu en 1893, avec Plège qui s’installait dans le cirque de bois aménagé chaque année sur l’emplacement du boulingrin. Il y revint de deux ans en deux ans jusqu’en 1906. Il sait que Rouen est la meilleure foire de France. Il sait bien d’autres choses aussi et d’abord comment on conduit un orchestre de cirque.
 
 
Des habitudes
Tous les artistes ont leur musique, laquelle est distribuée aux musiciens. Mais il y a des changements qui doivent être instantanés afin que le spectacle n’ait point de creux. Il y a des modifications continuelles qui s’improvisent en cours de représentation. M. Florimond y veille. Quand il voit entrer un cheval, il sait ce qu’il faut jouer. Il n’a pas à chercher dans ses papiers. Les troupes de cirque ne renouvellent pas comme cela. Ainsi M. Florimond connait depuis longtemps l’ancien dresseur de chiens et de chats Gontard qui, cette année, complète le trio des clowns Bario et Dario. Il en connait bien d’autres qu’il retrouve et avec lesquels il a presque des habitudes. La présentation de la cavalerie est à peu près immuable. Pour la haute école, il faut une marche lente qui permette de « suivre le temps ». Le galop demande un « six huit », et la mazurka « trois pas ». Le chef bat la mesure. Il donne ainsi le régime qui convient aux équilibristes comme aux danseurs et aux animaux dressés qu’ils soient domestiques ou féroces. S’il va trop vite, tout le monde est « dedans ». La précision d’un numéro dépend un peu de l’adresse du chef d’orchestre. C’est un paradoxe charmant.

Des yeux et de l’oreille
Lors des changements de programme, le chef est à la disposition des artistes, la veille au cours de l’après-midi. Mais personne n’y vient. Et chacun accourt avant le spectacle. M. Florimond résiste à cet assaut. Il sourit gentiment et l’on a confiance en son habileté. De son perchoir, il observe la piste. Il ne la quitte pas des yeux. Et il suit son orchestre « à l’oreille ». Un jour un équilibriste lui explique que le soir il ferait ceci ou cela. Il avait omis de dire qu’il exécutait son numéro à bicyclette, et qu’ainsi il montait un escalier en portant un homme sur les épaules. Comment battre correctement la mesure lorsque celle-ci dépend d’un effort physique forcément irrégulier ?
Ce mois-ci, à Rouen, à la dernière minute, M. Florimond s’aperçût qu’un dresseur de chiens ne présentait pas toutes ses bêtes. Il devait apprendre par la suite que l’un d’eux avait été mordu et qu’il ne pouvait travailler. Philosophiquement il passa la polka du toutou et il attaqua une valse destinée au chien suivant. Et tout se passa le mieux du monde.
C’est dire que M. Florimond connait toutes les ficelles. Au cours de ses voyages, il a vu une fois ou deux le chapiteau être enlevé par la violence des rafales. Il est à l’abri des paniques et des surprises. Son fils, qui a de qui tenir, est à Médrano. Il continuera la tradition. […]
 
 Il est fort probable que ce passage à Rouen soit son dernier voyage. Florimond meurt à Tourcoing le 29 juillet 1934, dans son domicile 19 rue des Archers. 
Il est né à Gand le 1er juin 1867, fils de Léonard (boucher) et Alexandrine REYNAERT. On sait qu'il fait
ses études musicales au Conservatoire de Gand, il y obtient un premier prix de solfège en 1883. Comment est-il devenu chef d'orchestre de cirque ? je n'ai pas la réponse. La presse et les collections de programme sur Gallica nous donne ses différents lieux de prestations : ça commence en 1903, à Amiens pour Destard-Plège, puis Nantes (1904), Saint Quentin (1906) Cambrai et Rouen même année, Roubaix (1907), Saint Etienne, Troyes, Grenoble et Nantes, même année toujours même cirque. En 1910 il passe par Nancy, Dijon, Troyes et Lyon. 1911 c'est Limoges, Bayonne. En 1913 et 1914 il est à Dunkerque pour le cirque Excelsior de DUTRIEU (programme musical ci-contre), de même en 1920. En 1922 il est le chef d'orchestre du cirque Roche. Ce qui ne l'empêche pas de prendre des contrats supplémentaires comme à Malo les Bains le 8 juillet 1923, il donne un concert symphonique pour les plagistes à l'ouverture de la pâtisserie Boutteau. En 1926 il passe une petite annonce pour trouver un bon flûtiste pour le cirque Dutrieu qui est à Tourcoing du 24 juillet au 16 août. Il demeure déjà à Tourcoing 19 rue des Archers. En septembre même année il travaille pour le cirque Roche à Lille. En 1931 il est recensé à Pommard (Côte-d'Or), avec son épouse, 139 rue des Juifs. En 1932 il se produit à Tourcoing et enfin à Rouen.
En 1904, il épouse la couturière du cirque Plège, Cornélie VAN OVERVELD, née dans le Brabant à Wouw le 14 avril 1861, divorcée de Jean FOURDRAINE, cocher du même cirque. De ce premier mariage elle a eu un fils né en juin 1902, prénommé Florimond Rodolphe, le couple divorce en janvier 1903. Le prénom identique à celui de son second mari laisse supposer une… relation précoce, le père légal n'ayant pas désavoué la paternité, il portera le nom de son père. Il sera également chef d'orchestre de cirque, connu sous le nom de "FLORIMOND fils". D'abord en 1930 à Tournai pour le cirque Palisse, puis à Angers pour Médrano Boum-Boum, en 1934 pour le cirque Roche et 1935 à Nancy pour Pourtier*, il continue avec ce cirque à Bordeaux en 1937, puis en 1938 à Tourcoing et Lille. Toujours à Lille en 1946 et 1947 et, dernière mention relevée, à Rouen en 1948 avec le cirque Napoléon Rancy, géré par son petit-fils Henri qui deviendra directeur de cinéma à Dunkerque, mais c'est une autre histoire. En 1929, Florimond fils épouse Olga LOYAL, descendante de la grande famille circassienne, ils divorcent en 1937, puis se remarie en 1937 à Tourcoing avec Madeleine Dupont, née à Tourcoing en 1905. Je n'ai pas encore trouvé les lieux et dates de leurs décès. Madeleine a eu une fille née d'un premier mariage : Paule STOCK née en 1932, décédée en 2021 à Seclin qui aurait peut-être pu nous en dire plus sur ses parents et grands parents.
 

* Antoine POURTIER. Ce directeur de cirque est mentionné sur tous les sites des amateurs circassiens. Très souvent sans son prénom et jamais avec ses dates et lieux de naissances et décès. J'ai du chercher longtemps pour le dénicher. On pouvait imaginer qu'il était un "enfant de la balle" descendant qu'une famille circassienne étrangère puisque je ne trouvais pas ses dates sur les sites habituels de généalogie. Mais non, il est né en Haute-Loire, un département non encore inclus dans les bases de données. A Langeac, précisément, le 3 avril 1884, fils d'un ouvrier menuisier ardéchois, Henri Pourtier et de Marie Colombet originaire de Pélussin (Loire). En 1913, à St Etienne, il épouse Marthe RASSET, qui n'est pas non plus circassienne, mais deviendra artiste de cirque. Elle est née à Rouen le 7 septembre 1891, elle meurt en 1982 à Périgueux, c'est grâce à sa fiche dans la base de l'INSEE que j'ai pu remonter le fil généalogique de cette famille très discrète. Antoine est mort à Sanary sur Mer le 5 mars 1942, route de Bandol, villa l'Arlésienne. 
Je n'ai pas fait la liste de ses prestations, on trouve un rapide historique ICI, je mentionne seulement sa présence à Dunkerque en 1934 (affiche ci-dessous) et en janvier 1935, car les artistes du cirque font déposer une couronne mortuaire pour les funérailles d'Enrico PISSIUTI artiste écuyer, mort d'un accident pendant une répétition. Il était l'oncle d'Olga LOYAL épouse de Florimond FOURTRAINE.
Mention aussi d'un autre originaire de la Région 59/62, le chanteur Firzel, qui de temps en temps tenait le rôle de M. LOYAL, notamment à Dunkerque en 1937 aussi pour Pourtier.
 
Christian Declerck 25 avril 2025
 
programme Lille 1938 (Gallica)

 
source




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