Arthur Leducq
Né à Cambrai le 23 mars 1873, Arthur Leducq est un des nombreux compositeurs de musique populaire de la Belle-Epoque. Musicien et chef d'orchestre, il demeurait 51 rue d'Orsel, à deux pas du théâtre Montmartre.
A sa naissance, son père, Jean Baptiste, est tisseur, originaire de Boussières-en Cambrésis, comme son grand-père, mulquinier à domicile. Sa mère a une origine inconnue, née vers février 1833, elle est déposée en 1835 au tour de l'hôpital général de Cambrai. Un billet épinglé sur ses vêtements donne son prénom, Ugénie, et demande de ne pas la baptiser, mais l'officier d'état civil lui impose le nom d'Hélène Paléon. Les parents d'Arthur deviendront restaurateurs à Cambrai, 4 place au Bois, puis, au décès de son épouse, le père rejoindra son fils à Paris.
Arthur Leducq a laissé peu de trace dans la presse et les archives disponibles en ligne. Lors de sa conscription on sait qu'il est élève au Conservatoire de musique de Paris, quelques années plus tard on le mentionne flûtiste, professeur ou artiste musicien, l'Annuaire des Artistes ne les distingue pas, changeant de domicile souvent. On sait qu'il compose, mais la BNF (ici et ici) ne conserve qu'une vingtaine de ses partitions publiées entre 1903 et 1924. On y trouve principalement des musiques de danses, valse, mazurka, polka, schottisch, deux danses nouvelles (La Levrette et Donkey's Trot) et quelques marches, militaires à l'approche de la guerre. Il est aussi éditeur pour quelques unes de ses œuvres et pour une marche sur la chanson cambrésienne, Martin Martine, arrangée en 1880 par Cyriaque Chaulier (1849-1897), chef de musique au 1er régiment d'artillerie à Douai. Mais surtout il est le compositeur de la fameuse polka Rossignol Montmartrois, composée (vers 1912) pour son instrument, la petite flûte, qui, comme plusieurs autres mélodies de cette époque, ont été adoptées par les accordéonistes et toujours jouées de nos jours. Voici la version d'Emile Prud'homme :
A son mariage en 1914, il se déclare chef d'orchestre (en 1921 et 1922, la presse mentionne son nom comme chef d'orchestre du Splendid Cinema Palace de l'avenue de La Motte-Piquet) et son épouse, Jeanne Sterli est dite sans profession. Pourtant elle déclare, lors de la naissance de ses deux fils, une profession intéressante, artiste lyrique, et cette fois il y a de la matière, au moins pour ses débuts.
Jane Sterly
Jeanne, son prénom usuel, fait ses débuts d'artiste en février 1898, elle n'a pas 18 ans. Elle se produit lors d'une "Veillée artistique de Plaisance", avenue du Maine. C'est la reconstitution d'une veillée berrichonne où sont parfois invités aussi des vielleux et joueur de musette, elle y est costumée d'une façon ravissante et chante des vieux airs de France.
Quelques mois plus tard on la retrouve pour l'Œuvre du Soleil, dirigée par Eugène Diaz et Gabriel Montoya, salle des Agriculteurs de France. Ses prestations la font remarquer, car l'année suivante elle est engagée au Théâtre du Grand Guignol, rue Chaptal, dans la revue A St Lazare, elle y joue un petit rôle : la manucure. Un mois plus tard, dans le même théâtre, elle prend du galon et interprète le rôle titre de la revue de Pol Héric et Marcel Tourrette, Tototte. Elle impressionne un critique, qui écrit dans Gil Blas : Pour cette dernière, que je gardais pour la bonne bouche, c’est Jeanne Sterli - Une véritable révélation ! Tout Paris voudra voir et entendre cette mignonne et ravissante brunette, comédienne vive et chanteuse spirituelle." deux mois plus tard c'est toujours le même succès "Tototte, la charmante opérette de MM. Pol Héric et Marcel Tourrette, continue sa brillante carrière au Grand Guignol de Montmartre. Mlle Jeanne Sterli, exquise de gaminerie, d’entrain et de fantaisie, y est fort remarquée, tant pour son charme et sa joliesse que comme artiste et comme chanteuse. Cela lui vaudra de signer en 1901 un contrat avec les directeurs de la Gaité-Rochechouart et du Concert-Européen. Les photographes et éditeurs de cartes postales se l'arrachent et l'on trouve toujours plusieurs dizaines de modèles différents en vente sur les sites spécialisés.
Quelques mois plus tard on la retrouve pour l'Œuvre du Soleil, dirigée par Eugène Diaz et Gabriel Montoya, salle des Agriculteurs de France. Ses prestations la font remarquer, car l'année suivante elle est engagée au Théâtre du Grand Guignol, rue Chaptal, dans la revue A St Lazare, elle y joue un petit rôle : la manucure. Un mois plus tard, dans le même théâtre, elle prend du galon et interprète le rôle titre de la revue de Pol Héric et Marcel Tourrette, Tototte. Elle impressionne un critique, qui écrit dans Gil Blas : Pour cette dernière, que je gardais pour la bonne bouche, c’est Jeanne Sterli - Une véritable révélation ! Tout Paris voudra voir et entendre cette mignonne et ravissante brunette, comédienne vive et chanteuse spirituelle." deux mois plus tard c'est toujours le même succès "Tototte, la charmante opérette de MM. Pol Héric et Marcel Tourrette, continue sa brillante carrière au Grand Guignol de Montmartre. Mlle Jeanne Sterli, exquise de gaminerie, d’entrain et de fantaisie, y est fort remarquée, tant pour son charme et sa joliesse que comme artiste et comme chanteuse. Cela lui vaudra de signer en 1901 un contrat avec les directeurs de la Gaité-Rochechouart et du Concert-Européen. Les photographes et éditeurs de cartes postales se l'arrachent et l'on trouve toujours plusieurs dizaines de modèles différents en vente sur les sites spécialisés.
En 1903 elle fait savoir qu'elle est en tournée en Roumanie, à Budapest. Cette escapade en Europe lui donne sans doute le goût des voyages car en septembre 1903, Le Figaro publie cet entrefilet : Une gentille globe-trotteuse qui fut remarquée au Moulin-Rouge et à la Gaité-Rochechouart, Mlle Jane Sterly, nous donne de ses nouvelles. Prise de la fantaisie de voir du pays et de gagner de l'argent, la petite artiste, seule, sans appui, ne parlant que le français naturellement et l'italien, partit un beau jour de son pied le plus léger pour faire une tournée comme chanteuse excentrique quatre mois en Russie à Saint-Pétersbourg et Moscou où son succès fut des plus vifs. Maintenant elle triomphe au Grand Théâtre Favorosi Orfeum de Budapest, bien que totalement ignorante de la langue allemande. Mais il faut croire qu'on y apprécie tout de même les artistes françaises puisque Mlle Sterly est, tous les soirs, applaudie et rappelée. De là, l'intrépide jeune femme, elle n'a pas vingt ans reviendra par l'Allemagne, l'Italie et peut-être l'Espagne. Comme on le voit, la fortune sourit volontiers aux audacieuses et notre charmante compatriote a voulu donner raison au proverbe. En septembre 1905 elle est engagée aux Folies Bergère, dans le ballet féérique Antinoa, pour le rôle de Cupidon. Elle a probablement interrompu son contrat car elle est enceinte depuis 3 mois.
Elle abandonne la scène pour s'occuper de son premier fils, Arthur, né le 2 mars 1906, à son domicile 5 rue Burq. Un second fils, Paul, naît en 1909, elle est alors domiciliée 32 rue des Abbesses avec Arthur Leducq qui reconnaît son fils. Il reconnaitra le premier en 1913, un an avant leur mariage. Arthur fils (musicien) est mort en 2003 à Brunoy (Essonne), Paul (linotypiste) en 1997, à Draveil (Essonne). Des mentions dans la presse, en 1920, signale la participation de Jeanne Sterli à une revue du Moulin Bleu A la Rolls… Rosse, une tentative de retour sur la scène sans lendemain.
Arthur meurt le 2 juillet 1939, Jeanne décède à Paris le 18 février 1968, elle est domiciliée 22 rue Durantin. Sur son acte de décès elle est toujours dite artiste lyrique.
Christian Declerck
17 juillet 2020
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Complément
L'un des interprètes d'Arthur Leducq est le chanteur JUNKA qui a une certaine renommée au début du XIXe siècle. En creusant un peu sa biographie, je découvre que bien que né à Bordeaux, il se marie à Amiens en 1902 avec Alfrède Estelle SELLIER, née à Amiens en 1872, il est alors bijoutier, mais cela ne doit pas être son activité principale, car son épouse est déjà connue comme artiste de café-concert. Elle se présente déjà comme Mme Junka au Casino de Reims en 1891, et à l'Eden Concert de Paris en 1892 Ils forment ensuite un duo pendant quelques années que l'on retrouve à l'Alcazar d'Angers en 1905, puis dans quelques café-concerts à Paris (La Pépinière et L'Etoile Palace) en 1907-1908. Autre lien avec notre région, après la guerre, vers 1919, il dirige un hôtel-restaurant à Arras. Le couple dirigera ensuite la maison de retraite des artistes à Ris-Orangis à partir de 1932, c'est là que décède son épouse, en 1948, Léonce Junqua, son vrai patronyme, lui est mort en 1945 à Paluaud (Charente).
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