vendredi 30 novembre 2018

Albert Cousu, musicien dunkerquois



Albert Cousu en 1952, pianiste de l'orchestre JYR (collection Yvon Cassez)
source : La Voix du Nord novembre 1987

Le Nouveau Nord du 20 janvier 1959 : 
Albert COUSU s’est éteint samedi à l’âge de 80 ans en son domicile de la cité du Kursaal, ainsi disparaît l’un des témoins des plus fidèles de près d’un demi-siècle de la vie collective dunkerquois. Car quelle revue locale, quel spectacle de variétés n’a pas porté à son générique « arrangement ou accompagnement d’Albert Cousu » ? qui pourrait compter le nombre de sapins de Noël au pied desquels cet infatigable musicien a joué du piano ou dirigé des ensembles ? Albert Cousu était né à Roubaix en 1878, il vint à Dunkerque en 1913, engagé par le Music Hall de la place d’Armes. Passée la grande tourmente, il allait accompagner les grandes vedettes de chez Mayol de 1924 à 1938, outre les nombreux arrangements qu’il créait pour des spectacles locaux, les airs de danse, les chansons, les marches qu’il composait, l’une de ses compositions restées les plus célèbres est la fameuse « Java des Chtimis » écrite en 1938 et que la plupart des accordéonistes de France et de Navarre allaient mettre à leur répertoire. Membre de la Société des Auteurs et Compositeurs de Musique depuis 1921, de la Société de Réproduction Mécanique depuis 1931, Albert Cousu avait reçu en 1939 la plaquette de bronze de membre définitif de la SACEM et en 1949 il en devenait pensionnaire […]. Outre sa participation à la musique de scène, Albert Cousu avait apporté le concours de son talent et de son inspiration au cinéma. Il était notamment l’auteur de la musique d’un grand documentaire qui a fait le tour du monde : « La vie et les travaux des frères Lumières » On lui doit aussi le premier arrangement airs du carnaval, l’indicatif d’une émission de radio de jadis « Bonjour Printemps ». Modeste et effacé, Albert Cousu a apporté à l’art musical une contribution dont ses propres concitoyens ne mesurent peut-être pas toute l’importance car chez cet homme la discrétion et l’amour de la musique allaient de pair, et pourtant ses œuvres étaient jouées en Belgique, en Suisse, en Pologne et même en Israël. Il y a quelques années Albert Cousu se remettaient encore de temps à autre au clavier et s’efforçait malgré son grand âge d’apporter le meilleur de son dévouement et de son expérience à ses jeunes amis de la société de Galas Record dont il était le vice-président. Mais les fatigues d’une longue carrière remplie pourtant de musique gaie ont eu raison de lui. A sa veuve, à ses enfants, petits enfants, nous adressons nos bien sincères condoléances.


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Albert Cousu est le fils de Victor, marchand épicier, et Martine Vandamme, domiciliés rue du Luxembourg à Roubaix.
Il obtient un 1er prix de clarinette en 1897 au conservatoire de musique de sa ville. Parallèlement il pratique le piano et se produit régulièrement lors de concerts et auditions dans la région roubaisienne. En 1900 on le cite comme directeur de la chorale du Club Moderne de Tourcoing. En mars 1908, lors de l'assemblée générale de Nord Touriste, c'est lui qui dirige l'orchestre de cette société. La même année, en août, la Fanfare Cycliste du Nord Touriste, dirigée par Albert Cousu se produit à Boulogne sur Mer. Elle comprend 45 exécutants qui jouent en roulant à bicyclette dans les rues de la ville, au programme un défilé-marche de la composition du chef, Le Recousu.
En octobre 1908 il épouse une musicienne lilloise, Julie Delesalle, lauréate du Conservatoire de Lille. Ils se produisent ensemble, elle au chant, lui au piano, donnent plusieurs concerts à Roubaix avant 1914. Un encart dans le Journal de Roubaix nous apprend qu'Albert Cousu tenait un café 135 rue de l'Epeule, il le cède devant notaire le 1er juin 1911.
C'est à cette époque, vers 1913, qu'il se produit avec une troupe de Music-Hall à l'Eden-Concert de la place d'Armes à Dunkerque. Entre temps il s'est séparé de Julie, car il épouse Léa Dinaut à Rosendael en 1921 dont il divorcera en 1930. Il se fixe à Dunkerque et intègre l'association musicale La Jeune France, chorale masculine dont il devient le pianiste accompagnateur. En 1937 il se produit avec les choristes dans une émission de Radio Normandie. Un orchestre, dirigé par M. Jonvel de Saint Pol sur Mer, interprète les danses d'autrefois, dont un "Quadrille Dunkerquois" sur un arrangement d'Albert Cousu. Est-ce le Quadrille composé par Henri Girard ? on ne le saura jamais, hélas, mais c'est fort probable, car cet arrangement était souvent joué avant 1914 dans les bals du carnaval.
Le 15 mai 1940 Albert Cousu part à Paris enregistrer un disque, sans doute pour son ami Félicien Ouvry, chef d'orchestre, roubaisien comme lui. Mais quand il veut retourner à Dunkerque le 20 il est trop tard. Après une errance de 60 heures en chemin de fer il retourne à Paris puis gagne Avignon où il était pianiste il y a 40 ans. Il y trouve un emploi de métallurgiste tout en continuant de prêter son concours aux tournées de bienfaisance, en accompagnant des chanteurs parisiens, dont le fameux Georgel. Il revient à Dunkerque en 1943.
En 1947 il dépose un arrangement des airs du carnaval de Dunkerque, dont le disque vient d'être édité par Pierre Lobert, l'électricien dunkerquois, avec les musiciens de l'orchestre de Edmond Bertein.

En 1949, à Dunkerque, il épouse Antonie Cucheval, une couturière de Watten, il décède dix ans plus tard. Son épouse le rejoint au cimetière de Dunkerque en mai 1961.

Christian Declerck
Sources : l'état civil, Le Journal de Roubaix, L'Avenir de Roubaix-Tourcoing, L'Egalité de Roubaix-Tourcoing, le Bulletin Officiel du Nord Touriste, Mémoires de l'Association Chorale La Jeune France volume 2, et documentation personnelle










Un catalogue de ses compositions :
merci à Christophe Plovier pour ses informations complémentaires

- Alberto, valse.
- La bataille des petits Cupidons, avec M. David (1950).
- La belle de java, java-mazurka (Al. Cousu – F. Ouvry)
- Le béguin, fox-trot.
- Cantalou, tango.
- Bonjour Printemps, one step.
- Café-crème et croissant (Désiré Noël - Albert Cousu).
- Carnaval dunkerquois (1947).
- C’est démodé, java chantée, paroles de Jilune, musique de A . Cousu et Ch. Lemeunier (1951).
- La chanson du carrefour, extraite du film Un siècle de Paris, musique de F. Ouvry et Albert Cousu (1943).
- La clairière, (Hostaléry - Albert Cousu)
- Comme ça, one-step.
- La danse des chaises (1937).
- Disclose, valse. 
- El presto, paso-doble.
- El puchero, paso-doble.
- Fajardo, mélodie espagnole.
- Felio, fox-trot.
- Flandria, marche.
- Fête à Pigalle, swing.
- Flotte mon cœur, fox (F. Ouvry - Al. Cousu).
- Gigolette, chanson réaliste (F. Lapierre & Hostaléry - A. Cousu). 
- Imppecable [sic], fox-trot.
- La java des chti-mis, (1938).
- Je lanc’ la mode, chanson, A. Cousu - A. Chinaglia  (1915).
- Je sais sourire, romance bouffe, à l’ami Montel, musique Aroldo Chinaglia, Albert Cousu, paroles William Jourdan, créée par Noël Delsson au Kursaal (1915).
- Ma berlouque, java.
- Ma bigleuse, java.
- Madrilena, one-step. 
- Mia Tyta, conga.
- Miss boulette (Henry / Lemeunier - Cousu).
- Miss mouche (Henry / Lemeunier - Cousu).
- Moi j'ai du tempérament (Claudine Ryka / Robert Djenny - Djenny / Cousu).
- Mon amant vagabond, fox, F. Ouvry - Al. Cousu.
- Montbolo, pas-doble.
- Mylajo, conga.
- Polissonnerie, one-step.
- Muguette, java.
- Para manana, tango.
- Près de moi mon amour, musique Robert Bremme, Albert Cousu.
- Pretty Bell, fox trot.
- Quadrille dunkerquois, arrgt A. Cousu (1937).
- Le Recousu, défilé-marche (1908)
- Rabbit, fox-trot.
- Radio Star, one step marche, créé par le célèbre accordéoniste Jean Vaissade, enregistré sur disque par l’orchestre jazz G. Ghestem, édt. A. Cousu, 7 place d’Armes Dunkerque.
- Robinson, paroles Maurice Lecomte, musique Albert Cousu, Charles Meunier.
- Roi des canards, Félicien Ouvry, Albert Cousu.
- Sport, fox-trot.
- Surprise à Grand-Millebrugghe, paroles de Vivette Flore, musique de Vivette Flore, arrgt d’A. Cousu, sd, auto édition.
- Le tango de Gaby.
- Tourbillon, valse.
- Trois petits mots, swing, Andrel - Cousu.
- Un songe, mélodie.
- Une preuve d’amour, fox-trot.
- La valse d'un beau soir (Noël - Albert Cousu).
Valse du Retour, paroles Janine Dewitte, musique Robert Bremme, Albert Cousu.
- Valse nocturne.
- Wave waltz, valse.
- Ziou Ziou, paroles Janine Dewitte, musique Robert Bremme, Albert Cousu.

Musique du film « Un siècle de Paris » de Maurice THÉRY (1942) avec Félicien OUVRY, édit. Salabert, Paris (1943) : Taxi vélo et Artisanat, La chanson du carrefour

Discographie : La belle de java (Sonor n° 128). Bonjour Printemps (Sonor n° 136 et Etoile musette n°119). C’est la java du faubourg, Félicien Ouvry* et Al Cousu, orchestre Etoile Musette dir. Jo Reno (1947). Fête à Pigalle (Etoile Musette n°119). Flotte mon cœur (Sonor n° 124). Mon amant vagabond (Sonor n° 124), Radio star (Sonor n° 122, Polydor Jap 515.004), Trois petits mots (Sonor n° 125).

mercredi 26 septembre 2018

Pierre Manaut, auteur lillois



par Simons
collection personnelle


Nous avons le regret d'annoncer à nos lecteurs la mort d'un des collaborateurs les plus aimés de ce journal. Notre ami Pierre Manaut, atteint depuis de longues années par un mal impitoyable, n'est plus. Il disparaît à l'âge de 53 ans.
Pierre Manaut, dont on lut dans ce journal durant vingt années, les chroniques rimées, était un fantaisiste de la meilleures veine. Il y avait dans ses vers légers une spontanéité, un drôlerie sans effort qui le mettait à un rang à part. D'autres, dans ce genre difficile, se contorsionnent et accumulent les calembours sans atteindre la drôlerie. Les petites gazettes de Pierre Manaut, au contraire, plaisaient par leur naturel, la gentillesse de l'à-peu près, l'habileté prosodique, la verve bien française. Il était de la bonne lignée des poètes charmants qui, dans des œuvrettes sans prétention et parfois cocasses, garde le respect de la langue et du goût. Tout le monde avait plaisir à le lire.

Pierre Manaut écrivit en outre beaucoup de chansons, de saynètes, d'opérettes d'excellente venue. Bien que l'œuvre longue convint moins à son calme que l'impromptu rapide, c'était une figure lilloise connue et de tous côtés on s'adressait à son obligeance inépuisable dès qu'il s'agissait d'un à-propos aimable ou amusant.
Notre ami trop tôt disparu n'était pas seulement délicieux dans ses œuvres. Il était le plus gentil des compagnons, fantaisistes dans la vie autant qu'on peut l'être, fin, sans vanité, loyal et de cœur excellent. Sa conversation pétillait du meilleur esprit et dans notre rédaction ses paradoxes et ses boutades, jamais méchantes, mettaient tout le monde en gaieté.
La maladie, qui le privait de la joie de circuler à son gré, n'influa jamais sur son caractère. Jusqu'au dernier jour, il sera demeuré souriant, ne se plaignant jamais malgré ses souffrances. Il attirait toutes les sympathies et sa mort causera une peine réelle aux nombreuses personnes qui se plaisaient à venir bavarder avec lui.
En cette cruelle circonstance, nous adressons nos condoléances émues à Mme Pierre Manaut, à Mlle Lucette Manaut, devenue tout récemment Mme Fischer, et à M. Léon Manaut, son père, président des la Fédération des Musiciens du Nord. Notre pensée attristée est avec eux tout entière.

Le Grand Echo du Nord de la France 12 mai 1942

source : le Grand Echo, médiathèque Jean Lévy, Lille



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Pierre Manaut, né à Tourcoing le 10 février 1889, est le fils de Léon, né à Paris en 1860, administrateur de la Caisse d'Epargne de Lille et Président de la Fédération des Sociétés Musicales du Nord et du Pas-de-Calais de 1923 à 1945. Sa mère Marie Ehrhart, alsacienne, est née à Willer-sur-Thur en 1871. Il épouse Emma Catoire en 1922, ils ont une fille, Lucette, née la même année, épouse de Maurice Fischer, elle est décédée en janvier 2000.
La BNF recense seulement 16 notices concernant ses œuvres, c'est peu, très très peu… j'ai relevé plus de 50 collaborateurs : compositeurs et co-auteurs pour environ une centaine de chansons. Parmi eux : Georges Gestem, Robert Solry, Raymond Emmerechts, Maurice Dehette, Henri Dalenne, Joseph Dewavrin, Désiré Letellier, Jean Berens, Louis Raspini, Abel Decroos, Jean Boulcourt, Georges Gadenne, Maurice Frot, Eudore Rancurel, Jean Ernst, Raymond Vanméerhaeghe, Paul Laby, Eugène Gaudefroy, Maurice Daudelin, Henri Fernand, Léopold Simons, André Hornez, Edouard Rombeau, Maurice Brisville, Hans Bunzl, Marceau Verschueren, Edmond Pellemeulle, Victor Calimez, Pierre Duchêne, Jean Lenoir, Maxime Rions, Léon Raiter, Luc de Orval, Victor Absalon, Antony Guichon, Pierre Drucbert, Paul Gyl, Alfred Decaigny et Jean Houseaux.
On peut écouter trois de ses opérettes sur le site de Jacques Gana :

L'encyclopédie multimedia de la comédie musicale théâtrale en France (1918-1944)


Un recensement de ses textes est à faire, mais cela paraît un travail immense, tant il a publié. Parmi toutes ses œuvres j'ai découvert cette bande dessinée réalisée en collaboration avec le jeune Léopold Simons, sous les pseudonymes de Péhem et El-Hes, publiées dans le supplément illustré de l'Echo du Nord et restée inconnue de la production de l'illustre auteur patoisant : Les aventures de Bobino, conte pour les petits, paru en 1923-1924.


collection personnelle


quelques unes de ses productions (collection personnelle)















samedi 5 mai 2018

Verlor et Davril

Un duo fantaisiste originaire de Roubaix et Lille, qui a laissé plusieurs enregistrements.


toutes les illustrations : collection personnelle



Jan Davril

Il est né à Lille, rue de Fives, sous le nom de Roger Raux le 12 juillet 1922. Son père, Abel, est expert-comptable, sa mère, Marie Husquin, est originaire de Bruay-Labuissière. De son enfance, on sait qu'il est très attiré par la musique, le chant ; il se serait produit sur scène à huit ans. Il apprend aussi le piano et en joue si bien qu'il est retenu pour participer en septembre 1933, à l'émission des Matinées Enfantines de Radio PTT Nord. Il y interprète une composition de Maxence Gueniffey, Josette au Casino. En 1942 j'ai relevé son passage à l'antenne de Radio Lille sous son pseudo, il est accordéoniste tyrolien. La même année il se produit  aussi sur cette radio sous le nom de Roger Raux, il interprète des chansons de Charles Trenet, au même programme qu'Arlette Rucart, avec qui il se produit régulièrement dans les brasseries de Roubaix et Tourcoing



Le Journal de Roubaix, 11 décembre 1943

Gaby Verlor

Gabrielle Vervaecke est une enfant de la balle. Née en 1921, elle a à peine cinq ans quand son père, Victor Vervaecke, dit Verlor, comique troupier puis agent artistique, monte un spectacle et l'emmène sur les planches. Ils sont Les Gaby Verlor et se produisent dans les cinémas et brasseries de la région lilloise. Parallèlement elle suit des cours au Conservatoire de musique de Roubaix, et obtient un premier prix de piano, à l'unanimité avec félicitations du jury, ainsi que des distinctions en solfège, harmonie et histoire de la musique, etc.
Vers 1939, elle édite quelques chansons à compte d'auteur, dont elle compose la musique sur des paroles de son père : Ah ! le Jazz et La lettre du gosse. Elle les présente sur scène, notamment à Dunkerque vers 1940 au dancing Evo d'Arsène Arcier, transformé en café-concert pour cause d'Occupation.
Son père fait prisonnier, elle est évacuée avec sa mère à Pamiers dans l'Ariège. Elle y retrouve un autre réfugié lillois, Léopold Simons qui lui demande de composer la musique de sa revue : A la queue leu leu, jouée à Agen en juillet 1941, puis la même année, elle compose celle de la revue Les rois du marché noir, dont Ch'est l'pain, une des chansons en patois, créée par Line Dariel en juillet 1941, à La Madeleine. En 1942 elle écrit la musique de la revue Ça, c'est des jus, dont Te peux rev'nir Alphonse, chantée par Line Dariel. Après la guerre elle compose la musique de plusieurs chansons écrites par Simons : C'est toujours le printemps, créée par Bertal (1945) ; Du bonheur sans ticket, créée par Odette Chantal (1945) ; Oh ! Oïe ! Oïe, créée par Arlette Rucart (1945). Dernière collaboration avec Simons en 1950 pour la revue Attrape à Balou, avec Line Dariel, Simons, André Nadon, Line Alexandre, Corvelin, Denise Menez, Tony Royer, Ramys et l'accordéoniste Edmond Draheim.










Verlor et Davril
C'est en participant ensemble à la revue de Simons Ça, c'est des jus, en 1942, qu'ils se sont rencontrés. En mai 1944, Roger épouse Gabrielle et en juin on relève la première mention de leur passage au Café l'Universel de Roubaix. Le 11 février 1945, ils triomphent au Grand Théâtre de Lille dans le même spectacle que Mistinguett et Roger Nicolas qui leur conseille de tenter leur chance à Paris. Après une audition dans une brasserie située au dessus de l'actuel Caveau de la République, ils sont engagés au nouveau Casino de Nice (21 mai 1946). En novembre 1946 le couple fait la première partie de Georges Ulmer et Bourvil à l'ABC de Paris, un critique les remarque : Une mention spéciale aux Tyroliens… marseillais (sic) [sic] Jan d’Avril [sic] et Gaby Verlor, qui composent un dessin animé de trilles acidulées et de mimiques charmantes, dans un rythme inlassable
Leurs passages dans les grandes salles parisiennes se succèdent : Bobino, Pacra, l'Alhambra, l'Européen, le Gaumont-Palace. Ils entament alors une tournée internationale qui les mène, au Portugal, en Suisse, Belgique, dans les pays Scandinaves et en Angleterre où ils sont au programme de l'émission Café Continental, sur la BBC TV. 


coupure de presse, magazine non identifié

En 1952 ils interprètent leur propre rôle dans le film de Claude Cariven L'amour n'est pas un péché, dans lequel ils chantent la chanson Chiens et chats. C'est leur unique prestation filmée à ma connaissance.



© editions Atlas


Ils sont invités en 1954 à l'émission Paris Star Time pour le French Broadcasting System - North America. Leur interview par Lou Van Burg a été conservé dans cet enregistrement ICI.
En juillet 1954 ils répondent à l'interview de Germaine Ramos (La Semaine Radiophonique) : 
Composez-vous toujours vos chansons ?
Nous les faisions, au départ, presque toutes ; mais nous avons pensé que notre tour serait plus varié si nous faisions appel à l'autres compositeurs ; et maintenant nous n'en plus qu'une à nous : Ma petite amie et moi. nous avons par ailleurs, de deux jeunes compositeurs encore inconnus (et camionneurs de leur métier), Le Bon Dieu, [qui est de Julien Bouquet lui aussi livreur] ; Jeanne est amoureuse, de J. Plante ; Ma petite rime, de Dréjac et Constantin. […]
Depuis combien de temps êtes-vous dans le métier ?
Nous faisons le tour de chant depuis deux ans seulement. Mais auparavant nous avions monté un numéro international vocal, très visuel, habillés en tyroliens. Nous parlons anglais tous les deux, et chantons en italien à l'occasion. Nous travaillions sans cesse à l'étranger, mais à Paris on nous ignorait totalement. Alors nous avons décidé d'y tenter notre chance, avec des chansons toujours différentes, radiophoniques cette fois.
En octobre de la même année, le couple se sépare, le divorce est prononcé par le tribunal de la Seine. Mais le duo poursuit sa carrière professionnelle. Un tragique accident y met un terme en juillet 1955, Jan Davril revient d'un gala et sur la route entre La Châtre et Châteauroux, à Nohant près du château de Georges Sand, la chaussée est en mauvais état (il se serait endormi au volant selon une autre source*), son auto fait une embardée et il meurt le 11 juillet lors de cet accident. Gaby Verlor, après quelques années de retrait et une tentative en solo, devient la compositrice à succès que l'on sait.

Christian Declerck

Sources : Simons, 1901-1979, Association Toudis Simons, Lille, 1999 ; Nord Matin ; La Semaine Radiophonique ; Mon Programme ; Le Journal de Roubaix ; L'Egalité de Roubaix-Tourcoing ; Le Réveil du Nord ; Le Nouvelliste de Sion ; Rgards, magazine ; Verlor et Davril, légende de la chanson française, Marianne Mélodie, 1999. Et merci à M. B. Philippe pour ses informations recueillies auprès d'un témoin de l'accident de Nohant. * programme d'un concert à Bobino octobre 1957






La Voix du Nord



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A leur répertoire : vidéo, paroles/musique, (édition/enregistrement)

- Allez Lille !, Verlor et Davril (1953)
- Au loin dans la plaine, R. Marbot / S. Goldmann (?/1951)
- Au petit trot, Pierre Delanoë / Marc Fontenoy (1954)
- La ballade de Paris, Francis Lemarque (1954/1954)
- Biot, Jean Davril / Gaby Verlor (1954)
- Le bon Dieu, Julien Bouquet / Jean Lioret, Paulette Vethueil (1954/1955)
- Ca m'est égal, Jan Davril / Gaby Verlor (1951)
- Carnaval à Cuba, Pierre Amelot, A. Zmigrod / Alfredo Zmigrod (1949/?)
- C'est si facile de s'aimer, Jan Davril / Gaby Verlor (1951)
- Chiens et chats, Marc Fontenoy / Max François (1952)
- Delicado, Pierre Amel / Waldyr Azevedo (1951/1953)
- Dis à ta mère, Jean Setti / Josef Marais (1950/1950)
- Dis moi mon amour pourquoi Jan Davril / Gaby Verlor (1951)
- Dorothée, Jean Pierre Mottier / Strauss (1951/1953)
- La fête du tabac, Henri Ithier, René Denoncin / Pia der Moro (1952/1954)
- L'île des cocotiers, M. Fontenay, S Sept / D. Shapiro (?/1953)
- Jeanne est amoureuse, Jacques Plante / Yvon Alain (?/1955)
- Légère et court vêtue, François Llenas / Daniel White (1953)
- Line, Francis lopez (1952/1953)
- Lorsque je suis seul Jan Davril / Gaby Verlor (1950)
- Le mambo chinois, Robert Chical, René Denoncin / Jack Le Dru (1953/1953)
- Ma p'tite amie et moi, Jan Davril / Gaby Verlor (1953/1954)
- La marche des poulbots, Maurice Vandair / Yvette Horner (1949)
- Mam'zell' souris, Géo Bonnet, François Llenas / Chico Roberti, Jean Rignac (1952)
- Maria Cristina veut toujours commander, Mireille Brocey / Nico Saquito (1952/?)
- Mister Callaghan, René Rouzaud / Eric Spear (1952/1953)
- Moi… moi !, Pierre Dudan / Emil Stern (1951/1952)
- Oh ! Joe ! Joe ! Jan Davril / Gaby Verlor (1950)
- On l'appelait le petit homme, Jan Davril / Gaby Verlor (1950)
- Le petit âne brésilien, Fernand Bonifay / Guy Magenta (1954/1954)
- La petite Marie, Noël Barcy, Roger Vanay / S.M. Eyssen, Wessel Dekker (1951/1953)
- La petite rime, Dréjac / Jean Constantin (?/1954)
- Le petit tacot de Mexico, Geo Bonnet / B.P. Godinho (1950)
- Pipo le vagabond, Jan Davril / Gaby Verlor (1950/1950)
- Prenez mon cœur et mes roses, Fernand Bonifay / Tolchard Evans  (?/1953)
- Quand je pense à toi, Jan Davril / Gaby Verlor (1954/1955)
- Quand tu m'regard's comm' ça Jan Davril / Gaby Verlor (1954)
- Rita de Panama, Jacques Plante / A. Tabet, H. Leca (?/1951)
- Rose Marie polka, G. Liferman / M/ Harden (?/1953)
- Samba caramba, Louis Amade / Maurice Dehette (1949/1950)
- Tap et tip et tap Jan Davril / Gaby Verlor (1950)
- Toi qui disais, qui disais, Jean Claude Darnal / Dana Suesse (1952)
- Les trottoirs, Raymond Lévesque (?/1955)
- Yo de lai, Jan Davril / Gaby Verlor (1950)