Deux artistes de cirque et de music-hall, dont les pseudonymes n'ont pas facilité la recherche.
Réfala, ou parfois écrit Ré-Fa-La, m'a d'abord intéressé par sa présence au Casino de Malo les Bains mi juillet 1909. Le MUCEM conserve trois cartes postales de Réfala et Cœcilia, dont une (ci-contre) porte au verso cette correspondance : Pargan [sic] 5-7-09 Madame Rubini / Nous partons à l'instant même pour aller passer / une dizaine de jours à Malo les Bains en même temps / faire un petit engagement au casino. / Je vous serais reconnaissant de bien vouloir m'écrire à l'adresse ci-dessous, si vous avez une communication / à me faire / dans l'attente, agréer, Madame / nos cordials [sic] sentiments / Refala / Poste restante / Malo-les-Bains De longues recherches n'ont jamais abouti pour découvrir sa véritable identité. Un article du Grand Echo du Nord, en 1912 lors de son passage au Cirque Palisse, nous indique qu'il est Lillois d'origine, ancien mécanicien il a eu un soudain intérêt pour la scène en voyant un clown musicien jouer sur "des instruments bizarres". Rien de plus n'a filtré des très nombreuses mentions relevées dans la presse de ses 40 années d'activité. J'ai été contacté il y a 7 ans par une généalogiste qui faisait les mêmes recherches que moi, Mme Sylvie Lebœuf de Mons en Barœul. Elle aussi butait sur ce musicien qui était apparenté à sa famille mais dont il ne restait que le souvenir et le pseudonyme transmis de génération en génération. Lors de ce contact elle fait mention d'un frère ou un cousin de Réfala, également artiste sous le pseudo de Bibobi. Je n'avais pas accroché à cette info, occupé par d'autres recherches prioritaires.
Mais récemment, je retrouve dans mes mails ce pseudonyme Bibobi, plus souvent écrit Bi-Bo-Bi, artiste excentrique, clown musical. Les recherches sont aussi difficiles qu'avec Réfala, des centaines de référence dans la presse, mais aucune info permettant de l'identifier. Seule une mention précise qu'il serait Lillois, également, surnommé le Siffleur de Saint Sauveur. Après quelques heures de recherches, je suis enfin tombé sur une page qui m'a donné quelques clefs pour démarrer.
Réfala : c'est Eugène Dominique DESCHEEMAECKER, né à Gand le 9 mai 1877, fils cadet d'Emile, menuisier modeleur et Adélaïde DE WEVER. Il épouse Fernande LAPIERRE, à Schaerbeek en 1906. Elle est née à Laeken en 1889, fille de Louis et Philippine DE VLEESHOUWER. On peut suivre la trace de Réfala dans la presse, avec sa partenaire (et épouse ?) Cœcilia jusqu'en 1912, puis seul jusqu'en 1940 où il se produit à Gand au cinéma l'Oude Belgie. Je n'ai pas trouvé la date de son décès.
Bibobi : c'est Emile Liévin DESCHEEMAECKER, né à Lille 60 rue Fontenoy, le 26 février 1871, fils aîné d'Emile et Adélaïde. Comme les minstrels des Etats Unis, c'est maquillé en "nègre" qu'il se produit dans les café-concert et les cirques, la première mention relevée est en 1894 à Angoulême, à l'Alhambra Concert : "nègre burlesque dans ses excentricités musicales". En 1903 le journal de Troyes nous donne une description intéressante du musicien : "Cirque Ducos Loyal, le nègre Bi-Bo-Bi, que le programme désigne sous le titre de burlesque musical. Pourquoi burlesque ? Parce que Bi-Bo-Bi - qui n’est pas plus nègre que vous et moi - porte un costume excentrique, parce qu’il adapte à ses paupières un truc qui fait qu’il parait avoir un œil rouge et l’autre vert ; parce qu’il s’asseoit sur le dossier d’une chaise pour jouer délicieusement de délicieux morceaux ; parce qu’il agrémente ses remarquables auditions de réflexion humoristiques ; enfin parce qu’il a beaucoup de verve et de fantaisie dans ses blagues et dans ses gestes. En réalité Bi-Bo-Bi joue avec infiniment de goût, sur son violon en forme de pipe et qui n’a qu’une corde, avec ses clochettes, avec ses écrans de grelots, les plus beaux airs d’opéra et cela avec une grande virtuosité. C’est pourquoi l’on rit très peu de ses plaisanteries et que chacun écoute avec plaisir ses remarquables auditions, et c’est pourquoi que cet excellent numéro reste au programme du cirque Ducos-Loyal." On suit sa trace jusqu'en 1927 au Casino de Lille. Il serait mort à Londres en avril de l'année suivante, il est inhumé au Streatham Park Cemetery Variety Artistes Memorial.
Sa vie amoureuse est mouvementée : vers 1889 il a une relation avec Olympe BARTHELET qui lui donne deux enfants : Emile Julien (1889-1939) et Amélie née en 1892. Premier mariage en 1894 à Namur avec Héloïse LOUIS, artiste lyrique née à Paris en 1860, décédée entre 1930 et 1939. En 1906 il a une fille (Paulette), non reconnue, avec Marguerite PALLUY (artiste lyrique). Vers 1908 il épouse (?) Martha STRANDERS (trapéziste) dont il a un fils, Emile Albert (Londres 1917 - Auckland 1993), qui garde le pseudonyme de son père comme patronyme et fait une carrière de guitariste professionnel réputé (voir sa nécrologie au bas de cette page).
Christian Declerck, 5 octobre 2022
|
Réfala |
*****
|
collection personnelle © |
non datée, pour un petit orchestre,
pourrait avoir été composée pour l'artiste.
Charles Delabre : un musicien lillois venu s'installer à Malo
Ré-Fa-La : un artiste lillois de passage à Malo.
Ils se sont forcément croisés.
*******
|
Ville de Paris / Bibliothèque historique, 1-AFF-001859 source |
*******
Emile Bibobi fils
|
in Classical Guitar september 1993 téléchargé ICI |
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire