Marcel Bayart (1944-2016) avait fait des recherches et publié de nombreux articles sur cet artiste qui était son cousin. Hélas ses articles ont disparu de l'internet.
Les voici :
Zéphir Joëts dit Firzel, né et décédé à Saint-Pol
Avec son visage durement sculpté, ses épaules de catcheur, la pointe noire de ses cheveux sur le front... Zéphir Emile Louis Joëts naquit à Saint-Pol-sur-Ternoise, le 30 juin 1895. Il y décéda le 22 février 1948.
Cet artiste prit d'abord le pseudo de Zéphir, puis de Firzel. Ce fut un compositeur, un conteur, un chanteur, un fantaisiste qui connut la gloire, notamment entre les deux guerres. Il avait fait ses débuts sur la scène le 19 janvier 1908, dans la revue locale "Saint-Pol y passe" de M. Milléquant, alors professeur au collège. Le petit Zéphir Joëts, apprenti pâtissier, alors âgé de 12 ans, avait recueilli un vif succès pour son aplomb, son entrain et sa verve. Il prêta bien volontiers son concours aux organisateurs de fêtes locales. Et bientôt, s'évadant du parfum des gâteaux, il partit à la conquête du grand public.
Entre temps, il avait chanté pour les poilus dans les hôpitaux. Il était d'ailleurs titulaire de la croix de guerre 14-18. Un article de "L'Abeille de la Ternoise" consacré au conseil de révision des "Marie-Louise" de Saint-Pol, le 3 mars 1914, fut publié le 27 juin 1964. Zéphir Joëts figure sur la photo (que nous recherchons) illustrant l'article.
Il s'installe en 1919, à Paris, 3 rue Montholon et débute comme "comique fantaisiste" sous le nom de Zéphir qu'il conserve pendant 5 ans avant de prendre celui de Firzel. Plus tard, il sera domicilié au 34 du faubourg Saint-Martin, à Paris.
Au printemps de 1923, il effectue une première grande tournée en Belgique: Verviers, Charleroi, Bruxelles, Louvain, Liège... Rengagé au Palais d'Eté de la capitale belge en octobre suivant, on peut lire dans le Passe-Partout du 13 octobre 1923 : "Ce jeune artiste qui n'est dans le métier que depuis 4 ans marche à grands pas sur la trace des Mayol, Dalbret et Georgel..."
Il chante à L'Olympia en aôut 1924, notamment des chansons de Georgius. Il sera dès lors applaudi dans tous les cabarets parisiens : L'Alhambra, L'Empire (5 fois), L'Olympia (12 fois), Le Petit Casino, L'Européen, Bobino, etc..., et en Province, il fait la tournée des casinos et séjourne dans de nombreuses villes où il y avait soit un music-hall, soit un cinéma à attractions ou un cabaret. Il effectuera de nombreuses tournées à l'étranger: Belgique, Suisse, Grèce, Hollande, Afrique du Nord, Syrie, Sénégal (Dakar)... et l'on pourra l'entendre chanter sur la T.S.F. du moment (Radio-Lille notamment).
A Saint-Pol. Il aimait venir se retremper au pays natal, musardant la ligne à la main, sur les bords de la Ternoise, et apportant son précieux et gracieux concours aux fêtes organisées par des sociétés saint-poloises. En 1925, au cours d'une représentation organisée par l'USSP, il chanta "Gloire à l'USSP", une chanson de sa composition sur l'air de "Rugby marche".
Sa discographie est sans aucun doute la partie la plus étonnante de la carrière de Firzel. Car, de 1925 à 1936, cet artiste va graver près de 70 disques publiés sur 10 marques différentes. En 1930, par exemple, son nom figure à la fois sur les étiquettes Idéal, Parlophone, Polydor, Pathé et Artiphone. Firzel (pour l'anecdote) donnait un exemplaire de chacun de ses disques à ses amis de la "Taverne de l'Artois", à Saint-Pol. Empilés, ces disques auraient représenté une hauteur de 1,60 m. Malheureusement, une bombe, en 1943, fit voler en éclats toute la collection. Beaucoup de ces enregistrements sont aujourd'hui introuvables, malgré les efforts déployés par les collectionneurs pour les retrouver.
La majeure partie (34 disques) de sa discographie s'effectue chez Parlophone, de 1929 à 1932 : des succès d'Alibert (Un cocktail), de Gabin (Léo, Léa, Elie), de Burnier (Souviens-toi), de Milton (T'en fais pas Bouboule), de Chevalier (Mon Idéal), de Garat (Avoir un bon copain), mais aussi des chansons ou monologues en patois du Nord (L'carrette à quiens, La petite Lilloise, Le p'tit Quinquin, Si j'avos su j'aros resté garchon chez Cristal...). Il chante aussi les mérites de la Citroën sur des paroles de Gabriello (Citroën et Un petit coeur et une citron). Firzel et Gabriello (dont la mère Léontine Wallart naquit à Saint-Pol en 1859) seront d'ailleurs associés sur bien des partitions.
On possède aussi de Firzel "L'esprit français", un recueil de 100 histoires de captivité, d'occupation, de libération qu'il a recueillies. A. Daverdain, 50 Faubourg Saint-Denis, à Paris (Xe), en fut l'éditeur. Allez, vous en voulez une ! Voilà. Celle-ci est du général de Gaulle. Il passe en revue un régiment de F.F.I. qui fait glorieusement le coup de feu. Les officiers sont excessivement jeunes, et le colonel complètement imberbe. Le général lui serre la main et lui demande gentiment : "Je me demande ce qui a pu nuire à votre avancement."
Le 24 juillet 1947, il fait une dernière apparition dans l'émission "Rires et sourires" de la Suisse romande et meurt à Saint-Pol, le 22 février 1948, âgé seulement de 52 ans. Terminons en rappelant que Firzel est le cousin de nombreux Saint-Polois (Joëts, Degouve, Bayart, Morel, Lesieux, Lemaire, Domé, Mille, Lombart, Poynard, Bigand, Defiez, Jacquart, Clulow, Denudt, etc...) et de Edmond Edmont et Alfred Demont, deux autres célébrités saint-poloises.
Article rédigé par
Marcel Bayart
d'après un article de Pascal Duboc
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La belle histoire de Firzel commence le 19 janvier 1908 dans la revue locale « Saint-Pol y passe ». La future vedette porte son vrai nom, Zéphir Joëts. Un garçon de douze ans, apprenti pâtissier, qui se produit sur scène avec une verve et un entrain qui font l'unanimité. Ce petit Saint-Polois se prend vite au jeu. Désormais, il participera avec plaisir à de nombreuses fêtes locales, délaissant la boutique de gâteaux pour partir à la conquête du grand public.
Quand la Première Guerre mondiale survient, Zéphir, 19 ans, distrait les Poilus en chantant dans les hôpitaux. Il sera décoré de la Croix de guerre à l'issue du conflit. C'est aussi après cette guerre qu'il lance réellement sa carrière de comique fantaisite en s'installant à Paris, rue Montholon. Zéphir fait ses classes pendant cinq ans. Puis se choisit un nom de scène. Ce sera Firzel, un pseudonyme qui rappelle en verlan son vrai prénom. Au printemps de l'année 1923, le jeune Saint-Polois effectue sa première grande tournée en Belgique. Ce qui lui vaut d'être engagé au Palais d'été de Bruxelles à l'automne de la même année. Le Passe-partout, journal local, parle alors d'un « jeune artiste qui n'est dans le métier que depuis quatre ans, mais qui marche déjà à grands pas sur les traces des Mayol, Dalbret et Georgel ».
La carrière de Firzel est lancée. Le voilà en août 1924 sur la scène de l'Olympia, interprétant des chansons de Georgius. Tous les cabarets parisiens lui ouvriront alors leurs portes : Bobino, l'Empire, l'Alhambra, l'Européen, et encore et toujours l'Olympia, qui l'accueillera... douze fois ! Firzel a gagné ses lettres de noblesse dans le métier et effectue de nombreuses tournées à l'étranger (Suisse, Grèce, Afrique du Nord, Syrie, Sénégal...). Il chante Avoir un bon copain et Ma p'tite lilloise, fait la promotion en chansons de la marque Citroën, et transmet des chansons patoisantes comme Le P'tit Quinquin ou encore L'carette à quiens.
On sait peu de choses sur la vie que menait Firzel à Paris. On sait en revanche que ses retours à Saint-Pol étaient très souvent des moments mémorables, l'artiste rehaussant de son talent les fêtes organisées par les sociétés locales. Comme ce jour de novembre 1925 où il entonna une chanson intitulée Gloire à l'USSP. Firzel était une vedette partout, et plus simplement un bon copain dans sa ville. C'est là qu'il est mort, chez son cousin Émile Dupuis, au 4 rue des Carmes.
Article rédigé par :
Marcel Bayart
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Ma p'tite Lilloise !
Les paroles de cette chanson furent écrites par Paul Brebant [1888-1969]. La musique, orchestrée par Manuel Puig, fut composée par Frédo Gardoni et L. Silberman. Ce gros succès du Nord fut enregistré sur disque Pathé (n° 3864) et sur disque Idéal (12.883) par Firzel, de l'Empire. On pouvait se procurer ce fox-trot chez Batifol, 11 rue du Vert-Bois, à Pais. Manuel Puig, 8 rue Maublanc (Paris XVe) était propriétaire de l'oeuvre enregistrée aussi sur disque Pathé par les As du Phono, Frédo Gardoni et Mauel Puig.
Rappelons, une fois encore, que Firzel était le nom de scène de Zéphir Joëts (qui se prononçait alors Jout' ; Saint-Pol-sur-Ternoise 1895- 1948) qui repose au cimetière Est de sa ville natale. Entre 1981 et 2002, Jean-Christophe Averty parla de Firzel dans ses émissions "Les cinglés du Music-Hall" sur France-Inter, France Musique et France Culture.Ce célèbre chanteur et fantaisiste, resté dans les mémoires des anciens Saint-Polois, enregistra de nombreux disques 78 tours à saphir et à aiguille, entre 1923 et 1944.
Ma p'tite Lilloise
I. Certain soir à Saint-Maurice, Je gambillais chez Beudart, Quand de la petit' Clarisse, Je rencontrais le regard. Je lui dis: "Mademoiselle, Acceptez cette java, Sans se fair' prier la belle Répondit : "Te m' plais, cha va !"
Refrain: Ma p'tit' Lilloise C'est un bijou ; Quand ell' patoise, C'est drôl' comm' tout. Ell' est joyeuse, Ell' est rieuse. Ma p'tit' Lilloise Me rendra fou !
II. Ell' n'est pas du tout bégueule, Et je ris quand ell' me dit: Viens, j' t'inmène au bos de l' Deûle, J' te f'rai vir un biau p'tit nid. Ell' m'amus' cette petite, Quand ell' ajout' sans façon: Si te m'offr's eun' portion d' frites, J' t'imbrass'rai su' tin minton. (Refrain)
III. Où je la trouv' très cocasse, C'est quand l' dimanch' nous allons Fair' un tour à la ducasse Où toujours nous rigolons. Ell' me dit: "j'aim' bin les couques, (1) Et m' langu' fil' parc' que j'in vos, Mais ell's sont pleins' de brins de mouques, (2) Viens putôt su' les qu'vas d' bos." (3) Refrain.
IV. On a parlé mariage, Et cela devient plaisant, Car, depuis, son babillage Est encor' plus amusant. Si nous n' mingeons qu' des peunn's tierre, (4) Dit-ell', on s'in contintra, Mêm' si on n'a qu'eun' cayère, (5) J' te dis qu'on in sortira. (Refrain)
(1) couque-baque ou couque-bocque: crêpe faite avec de la farine de "boquette" (blé sarrasin ou noir) et du beurre. A Mons, on nomme cette pâtisserie "boucancouque"
(2) mouche (du latin musca)
(3) chevaux de bois (queva ou qu'va, du latin caballus)
(4) "peun" ou "pun d' tierre", pomme de terre (un "pun" est une pomme, du latin pomata, bas latin pomum, le fruit)
(5) chaise (en vieux français: chaière, du latin cathedra).
le 29 mai 2009.
Article rédigé par :
Marcel Bayart
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Un article trouvé dans Le Phare de Calais du 21/9/1943
Complimentons Firzel d'avoir évité cette facilité [le répertoire frisant la grossièreté]. Ce chansonnier sait toujours rester bon enfant et d'une saine gaieté. Ses histoires de bègue comme ses histoire lilloises déchainèrent les rires. Éclectique, il sut également mettre sa voix en valeur avec Le Maître à Bord.
[…]
FIRZEL l'énergique avec son visage durement sculpté et ses épaules de catcheur, la pointe noire de ses cheveux sur le bas du front, Firzel nous conte son histoire :
- Mes parents m'avaient fait pâtissier !... Mais au cours de la Grande Guerre, j'eus l'occasion de chanter pour les poilus, dans les hôpitaux. C'était mon rêve. Dès 1919, je tentais ma chance et j'ai réussi. J'ai fait les plus beaux pays du monde : la Syrie, la Grèce, la Suisse, la Hollande. J'ai chanté 12 fois à l'Olympia ; 5 fois à l'Empire
- Êtes-vous du Nord pour si bien parler lillois ?
- de Saint-Pol-sur-Ternoise
- Quels sont vos projets ?
- Je vais prendre quelques jours de vacances...
Roulant ses terribles épaules, Firzel ajoute :
- Je vais pêcher à la ligne...
partitions de ma collection
chansons créées et chantées par Firzel
- Beaux soirs d’orient, Reg/Jean Peyronin
- Ça c’est pis que tout, Gaston Gabroche/Gaston Claret
- Dans l’sens unique, Géo Roger/Vincent Scotto
- En sortant de la revue, Georgius/J. Creus
- Femmes que vous êtes jolies ???, Zéphir
- J’ai l’béguin pour toutes ces femmes, L. Despax/J. Eblinger
- La java des Ch’ti’mis, Stollé/Worting & Eddy Frédo
- Je me soule, Henri Poupon/Blanche Poupon
- Les pantins, Pierre Alberty/Léojac
- Ma crotte, Plébus & Gilbert/Victor Alix
- Ma petite Lilloise, Paul Brebant/Fredo Gardoni & L. Silberman
- Mon cousin réserviste, Souplex/Gaston Claret
- On attends toujours quelque chose, Gabriello/Gabaroche et Claret
- Un p’tit million, Ch.-L. Pothier/L. Raiter & L. Izoird
- Quand on a un’ p’tit’ femme à son bras, Léo Lelièvre & J. d’Hirlaux/Laurent Halet
- Si j’avais des sous-sous, Ch.L. Pothier/Ch. Borel-Clerc
- Sur les quais de Paris, Jean Rodoor/Van Hoorebeke
- Trésors d'amour, Gustave Het/E. Dufrenne
- La Valse des coups d’pied au…boum !, R. Desmoulins/Domme & Valfy